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Du monde de la finance à un master en théologie

Eric Pires-Antunes
© DR- Eric Pires-Antunes
Il renonce à des bureaux tout en dorure de la place Vendôme pour devenir pasteur. Eric Pires-Antunes délaisse le monde de la finance et ses attraits pour se replonger dans des études. Désormais, non seulement son cœur appartient à Dieu, mais son énergie aussi!
Iris Jaegle

Né à Grigny, en banlieue parisienne, d’un père portugais et d’une mère chinoise, Eric Pires-Antunes est titulaire d’un master en actuariat, ingénierie mathématique appliquée aux assurances et aux finances. Lors d’un stage, il rentre en contact avec le monde de la finance et va y passer dix ans. Gestionnaire de fonds d’investissement et trader de produits financiers structurés, Eric Pires-Antunes verra son parcours professionnel prendre un tournant majeur. Il se forme en théologie, devient pasteur et fonde une œuvre chrétienne, l’association PSALT.

Train de vie de rêve… mais à quel prix?

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Pour le grand public, les traders sont les hommes en costume cravate que l’on voit hurler des ventes et des achats au téléphone, dans les salles de marchés. Ce n’était pas vraiment le cas d’Eric Pires-Antunes. Venant d’une formation en mathématiques appliquées aux finances, il s’occupait de finance quantitative et n’était donc pas dans le domaine de la spéculation. Il le dit aujourd’hui en souriant: «Je ne prenais pas de pari dans une salle de marchés comme on peut le voir dans les films! J’étais trader de fonds quantitatifs.» Un domaine financier plus encadré accessible à une certaine élite.

D’ailleurs, la gestion de cette partie dans le domaine bancaire fonctionne avec des algorithmes. Son métier consistait en la création de produits financiers structurés à base de modèles financiers et mathématiques. «C’est très sophistiqué et complexe. C’est cette même complexité qui a fait que la crise des subprimes a été sous-estimée. J’étais au cœur de la crise», confie-t-il.

Un univers très dur et froid

Le jeune homme évolue dans un univers très dur et froid. Il n’est pas interdit de marcher sur d’autres collaborateurs pour avoir des résultats, au contraire, cela fait partie de la culture d’entreprise. «Au siège new yorkais de la banque où je travaillais, les revolvers qui avaient servi à des règlements de compte entre banquiers étaient exposés dans une vitrine, une symbolique très forte qui donne une idée de la culture d’entreprise qui y règne», narre le pasteur d’un air tranquille.

Il travaille pendant dix ans dans cet univers. Tous les matins, il quitte sa banlieue pour se rendre à la prestigieuse place Vendôme au cœur de Paris. Les bureaux de réunion sont luxueux. Les salaires sont très élevés, sans compter les bonus. «J’avais des horaires de travail complètement fous. Je travaillais de 9 h à minuit, voire 1 h du matin. On faisait toutes les tranches horaires.»

Il repart à zéro

La banque où il travaillait lui a proposé un poste plus élevé à Londres. C’était l’occasion pour Eric Pires-Antunes de  multiplier son salaire par 3 Mais c’est à ce moment que l’alerte résonne dans son cœur. «J’ai senti que je commençais à me perdre. La vie de famille n’avait plus vraiment d’espace et j’avais l’impression de perdre mon âme, et de m’éteindre à petit feu. J’étais investi dans l’Eglise depuis des années, mais Dieu a utilisé le verset de Matthieu 6.24 pour me parler. « Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mamon ».»

Il affirme que son cœur était pour Dieu, mais qu’il était contraint dans son rôle à consacrer toute son énergie dans la finance. L’appel au ministère et la reconquête d’une vie de famille équilibrée ont été plus forts. «J’étais vice-président et je n’avais pas du tout envie de devenir executive ou managing director, cela ressemblait à devenir cadre dans la mafia. Mon choix était fait. Je consacrerai ma vie pour Dieu.»

Il quitte son travail en 2013 mais commence dès 2011 à suivre des cours bibliques à l’institut Biblique de Nogent, à l’Institut théologique du soir (ITS) et participe aussi aux sessions intensives de la Faculté de théologie de Vaux-sur-Seine. Au niveau des études, c’était un retour à la case départ. C’est autour cette période, dès 2010, que naît le projet PSALT de créer un centre qui a pour objectif de former les chrétiens à la louange et à la théologie. Deux univers en général très opposés dans les Eglises. Aujourd’hui, il termine un master de recherche de théologie des arts à l’Institut Catholique de Paris après un séjour au Centre Bienenberg, près de Bâle en Suisse .

Développer la louange

Avec l’association PSALT, il organise des ateliers tout au long de l’année et des sessions d’été. «Notre objectif est de développer une œuvre missionnaire axée sur la louange et la théologie, l’art de manière générale. On aimerait encourager chacun à servir Dieu avec un cœur d’adorateur. La louange n’est pas juste réservée à une minorité ou une élite. Mais nous sommes tous appelés, chacun de nous, à proclamer les louanges de Dieu, selon Ephésiens 1. On encourage beaucoup aussi la création autour des psaumes et pour l’avenir nous avons aussi des projets de production musicale.» 

Aujourd’hui, Eric Pires-Antunes est en paix avec lui-même, et a consacré sa vie à Dieu. Ses choix de vie sont en adéquation avec ses valeurs. Il se consacre à son ministère de pasteur et vit sa foi en famille avec ses deux enfants et son épouse Mélanie. Désormais son cœur est pour Dieu, mais aussi toute son énergie, et son temps. 

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Septembre 2021

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