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«L’Église qui accomplit sa mission est la pépitede la société civile»

Christel Lamère Ngnambi, directeur du Bureau de l’Alliance évangélique européenne à Bruxelles, propose une réflexion sur la présence à la société

«Nos Églises peinent à être efficaces dans leur évangélisation parce qu’elles sont coincées dans une sous-culture d’auto-promotion alors que la culture dominante continue d’avancer dans d’autres directions. La distance culturelle s’agrandit et il devient de plus en plus difficile de faire le lien entre les deux. Sans le vouloir, les Églises sont de moins en moins ancrées dans leur contexte, moins indigènes et leur évangélisation est de moins en moins efficace.»
Cette citation d’Ed Stetzer, missiologue et spécialiste du mouvement dit de la «croissance d’Église», a pour contexte l’Amérique du Nord. Elle peut néanmoins être élargie à la situation des Églises évangéliques en Europe occidentale, en particulier à la francophonie européenne. Le sociologue français Sébastien Fath, en clôturant en mai dernier, lors du Congrès d’éthique, un imposant exposé sur l’impact social, politique et culturel des mouvements évangéliques en Europe sur les cinq derniers siècles, a fait part d’une interrogation quasi existentielle : comment expliquer le manque de visibilité évangélique généralisé, malgré une longue et riche histoire d’interaction avec la société?
Cette distance culturelle est telle qu’un Olivier Roy, observateur autorisé du fait religieux, assimile dans son tout récent ouvrage La Sainte ignorance (Seuil) les protestants évangéliques à l’ensemble des «fondamentalistes» de toutes religions, des réactionnaires pour qui «ignorer une culture perçue comme païenne est un moyen de sauver la pureté de sa foi» (Entretien au Monde, 20 décembre 2008). Le problème de visibilité du protestantisme évangélique est lié à son rapport conflictuel avec la culture.
–CREDIT–
Vous avez dit culture ?
Pourrait-il en être autrement ? Tout dépend de ce qu’on appelle «culture». Dans un sens large et comme le formule le théologien Herman Bavinck, «la culture est l’objectif pour lequel Dieu a créé l’homme selon son image, ce qui inclut non seulement les appels les plus antiques à la chasse, la pêche, l’agriculture et l’élevage, mais également les échanges et le commerce et la science et l’art». De même, répandre l’Évangile ne se limite pas à se soucier des âmes, mais bien de personnes faites de chair et d’os, car l’ensemble de la vie détient une valeur intrinsèque venue de Dieu. Par conséquent, «affirmer la diversité et la richesse du monde de Dieu et y démontrer la dignité et la gloire d’une humanité en cours de rédemption par le Christ, c’est ouvrir l’autoroute la plus efficace – et peut-être indispensable – à l’évangélisation». La visibilité et le rayonnement dans la société font donc partie de la nature de l’Église.

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