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Islam: la conquête de l’Occident

© iStockphoto
Que penser de l'islam conquérant et son emprise sur l'Occident? Quel rôle les chrétiens se doivent-ils de jouer là où le dialogue interreligieux peine à progresser? Entretien avec Shafique Keshavjee.
Christian Willi

Vous prônez le dialogue interreligieux mais votre nouvel ouvrage dresse un portrait sévère de l’islam conquérant…


Ceux qui lisent bien mes écrits percevront que je prône le dialogue, le débat voire la confrontation. Mon nouvel ouvrage dresse certes un portrait de l’islam conquérant, mais il critique aussi les méfaits de l’Occident conquérant. Ce livre met en lumière le fait que l’islam transmet à la fois une spiritualité communautaire, un projet politique et une stratégie militaire.

En donnant accès aux textes fondateurs méconnus de l’islam et à son histoire complexe, je souhaite que chacun puisse le vérifier. Avec les musulmans qui se limitent à une spiritualité, le dialogue reste pertinent. Avec ceux qui ont un projet de conquête politique et ceux qui usent d’une stratégie violente, le «dialogue interreligieux» est inefficace.

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En quoi l’islam est-il plus dangereux que les autres religions ou idées?

Chacun est habité par une vision du monde qui se veut plus pertinente que les autres. Athées, chrétiens, bouddhistes, musulmans ou laïcistes sont tous persuadés que leur système doit prévaloir. Que les porteurs d’une vérité cherchent à la transmettre au monde, c’est cohérent. Le problème, c’est la manière. L’islam conquérant est irrespectueux des personnes qui refusent de se soumettre. Prônant la soumission à Allah seul, ces musulmans ne veulent être dominés par rien d’autre.

Vous affirmez cependant que l’islam est plus fragile qu’il ne paraît.

Dès l’origine, les musulmans sunnites et chi’ites se sont entre-tués. Les conflits géopolitiques contemporains opposant l’Arabie saoudite et l’Iran manifestent encore cette violence. Beaucoup de textes de l’islam véhiculent une haine indéracinable. De nombreux musulmans prennent aujourd’hui conscience de cette violence inouïe et sont fragilisés par elle.

Quelle distinction faire entre la violence au nom de l’islam et celle au nom du christianisme?

L’Occident «chrétien» a pu (peut) être très violent. Et cela chaque fois que l’Etat et l’Eglise étaient (sont) trop liés. Durant les trois premiers siècles de leur histoire, les chrétiens n’ont pas tué pour partager leur foi. Au contraire, ils ont été tués à cause de Jésus. Durant les premiers siècles de l’islam, de nombreux non-musulmans qui refusaient de se soumettre furent tués. Chaque fois que des chrétiens tuent, c’est en opposition avec le Nouveau Testament. Quand des musulmans tuent, ils peuvent trouver des justifications dans les textes fondateurs de l’islam.

Certains politiciens athées prennent la défense des musulmans, souvent au détriment des chrétiens. Pourquoi?

Divers politiciens, souvent de gauche, ont une haine de l’Occident chrétien et impérialiste. Une haine aussi de l’Etat d’Israël «sioniste». En cela, ils peuvent être des alliés objectifs de musulmans partageant la même haine. Beaucoup d’entre eux veulent défendre «les opprimés» et ils sont persuadés que les musulmans sont avant tout des victimes de l’«islamophobie» ambiante. Défenseurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, ils veulent que les communautés musulmanes bénéficient de ces droits. Malheureusement, la plupart de ces politiciens ne connaissent pratiquement rien de l’islam.

Une réforme de l’islam est-elle possible?

En Occident, «réforme» renvoie à ce mouvement de retour à la Bible au 16e siècle et à l’essor d’une foi non soumise à des hiérarchies oppressantes. La «réforme» de l’islam renvoie généralement à l’acceptation de la priorité des Droits de l’homme sur l’enseignement islamique.

Ces «réformateurs» ne veulent garder que les textes les plus paisibles du Coran et contextualiser les autres très violents. Pour beaucoup d’autres musulmans, cette sélection est une infidélité grave qui ne peut être que critiquée.

Face aux systèmes suprêmes, questionnez-vous la façon dont l’être humain, les institutions religieuses et les Etats gèrent le rapport au sacré?

Que l’islam conquérant soit très efficace, c’est une chose. La méconnaissance de ses textes fondateurs, de son histoire et de ses stratégies est autrement plus grave. Que tant d’Occidentaux se laissent conquérir si facilement en niant leurs propres trésors, rend perplexe. Je souhaite que mon livre offre des clés pour comprendre ce qui nous arrive. Je souhaite aussi qu’il redonne une saine fierté de notre propre héritage démocratique et judéo-chrétien.

Propos recueillis par Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui février 2019


L’IQRI, un regard évangélique sur l’islam

Groupe de travail du Réseau évangélique Suisse, l’Institut sur les questions relatives à l’islam (IQRI) offre une information sur l’islam afin de favoriser la compréhension de ce dernier ainsi qu’un dialogue respectueux et vrai avec les musulmans. L’IQRI a publié L’islam conquérant de Shafique Keshavjee.

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