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De l’huile sur le feu de la laïcité

Une pancarte avec inscrit : Liberté, égalité, laïcité !
© DR
L’Observatoire de la laïcité a été visé par de violentes attaques répétées ces derniers mois. Le procès historique des attentats de «Charlie Hebdo» et la sortie du livre de Jean-Pierre Obin viennent raviver les braises d’une guerre ouverte des défenseurs des deux visions opposées de la laïcité. Analyse.

Le serpent de mer de laïcité n’a pas manqué sa rentrée. C’est à une véritable passe d’armes que se sont livrés ces dernières semaines Nicolas Ca- dène et ses opposants. D’abord sur les réseaux sociaux puis dans les médias. «L’Observatoire de la laïcité prône une laïcité adjectivée (“ou- verte”, “apaisée”, etc.), éloignée de l’esprit de la loi de 1905», ou encore «l’Observatoire de la laïcité voit de l’islamophobie partout et des atteintes à la laïcité nulle part», pou- vait-on lire sur Twitter.

Un procès en légitimité que Nicolas Cadène, son rapporteur général, n’a pas manqué de dénoncer en août, soutenu par des dizaines de messages. «Douze jours de harcèle- ment depuis mon annonce de paternité qui a déchaîné les pires trolls, qui ont enchaîné sur une campagne diffamatoire contre l’Observatoire de la laïcité», a-t-il dénoncé.

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Liberté d’expression

Ses détracteurs, pour la plupart proches du mouvement Printemps républicain, lui reprochent une complaisance avec l’islam politique. Quel que soit le fond du débat, l’affrontement entre défenseurs d’une laïcité dite «ouverte» et «fermée», est loin d’être terminé. Le sujet reste sensible et d’actualité. Deux visions antagonistes de vivre ensemble s’affrontent. En parallèle, début septembre, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo republiait les caricatures du prophète Mahomet, à l’ouverture du procès des attentats de 2015.

Quelques jours plus tard, le président Emmanuel Macron, à l’occasion du 150e anniversaire de la Troisième République, vantait la laïcité comme un «régime unique au monde qui garantit la liberté de croire ou de ne pas croire, mais qui n’est pas séparable d’une liberté d’expression allant jusqu’au blasphème».

Un appel à la neutralité

Erwan Cloarec, pasteur et auteur du livre Laïcité, Athéisme d’Etat ou principe de liberté (éd. Croire et Lire) s’interroge: «Les croyants doivent-ils aussi se battre pour le droit de blasphémer ou rapprocher cette notion de la notion juridique d’incitation à la haine qui est condamnée en droit français? Je crois qu’il ne s’agit en aucun cas de porter atteinte à la liberté d’expression qui est notre bien commun, mais plutôt de se demander ensemble comment cette liberté d’expression peut être dignement vécue, sans hostilité et dans la paix.»

Il ne s’agit pas de porter atteinte à la liberté d’expression

La sortie du livre de Jean-Pierre Obin, Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école (éd. Hermann) vient par ailleurs jeter un pavé supplémentaire dans la mare déjà trouble du débat sur la laïcité. Seize ans après son premier rapport qui dénonçait déjà un recul de la laïcité, l’ancien inspecteur général de l’Education nationale revient à la charge et dresse un état des lieux inquiétant des dérives du communautarisme à l’école. De la critique de la «propagande religieuse» à l’aveuglement de l’Education nationale, il en appelle au devoir de neutralité de la République. Un projet de loi sur le séparatisme sera présenté à l’automne; un dossier suivi de très près pour qui la laïcité ne signifie pas l’effacement de la foi et de la croyance religieuse.

Christelle Bankolé et David Métreau

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui octobre 2020

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