Mon job n’a rien de spirituel! Vraiment?
Thierry est un jeune père de famille, cadre dans une entreprise. Francilien, il doit ajouter chaque jour à son activité professionnelle deux longues heures de trajet. Mais Thierry aime Dieu et veut vivre d’une façon qui l’honore. Il met toutes ses forces pour dégager du temps pour les activités de son Eglise. Il participe avec son épouse à un groupe de maison hebdomadaire, et au groupe de louange, avec de fréquentes répétitions.
Servir Dieu au travail?
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Ce printemps-là, le pasteur, désireux de voir la vie spirituelle des membres de sa communauté s’enraciner dans la Parole, organise une formation de disciples. Le principe est simple: un livre à lire à raison d’un chapitre par semaine, avec un questionnement à préparer pour une réunion chaque samedi. L’objectif: passer les différents domaines de la vie au filtre de la Parole de Dieu, afin de s’aligner sur ses enseignements.
Un matin, quand Thierry rejoint le groupe, il est triste. Le thème du jour: servir le Seigneur à travers toute notre vie. Et il a fait ses comptes. En comptant tout (cultes personnels et hebdomadaires, enseignement des enfants, répétitions, etc.), cela représente un maximum de huit heures par semaine! Le «score» est catastrophique!
«Thierry, que fais-tu de tes heures de travail? Tu ne crois pas qu’elles aussi, elles comptent?» «Bien sûr que non! Je suis face à mon écran toute la journée à faire du code! Je ne vois pas en quoi cela sert le Seigneur!»
Le classement du «spirituel»
Qu’est-ce que Thierry n’a pas compris? Nous sommes tellement formatés par une vision dichotomique du «spirituel» et du «séculier» que nous classons instinctivement nos activités dans l’une ou l’autre de ces catégories. La louange, bien sûr, c’est spirituel alors que la façon dont nous utilisons nos loisirs, c’est séculier. La prière, ainsi que toutes nos rencontres d’Eglise, c’est spirituel, alors que toutes les tâches courantes, c’est séculier. L’étude de la Bible, l’évangélisation, c’est très spirituel aussi, mais pas l’activité physique par exemple. Malheureusement, le travail fait aussi partie de la catégorie «séculier» pour beaucoup.
Thierry est le pur produit de ce qui peut s’appeler le dualisme: la tendance à séparer de façon irréductible ce qui appartient à la sphère spirituelle de ce qui appartient à la sphère matérielle et physique. Pourtant, la Parole de Dieu ne va pas dans ce sens: elle affirme au contraire que tout est spirituel pour celui qui est spirituel (1 Cor. 10, 31; Rom 12, 1-2). Cette vision dualiste du monde est à combattre, car elle empêche d’entrer dans le plan initial de Dieu pour notre vie et d’en recueillir la bénédiction. Le dualisme fracture émotionnellement et pousse à se désinvestir du monde, considérant que le chrétien n’a rien de pratique à y apporter.
Comme Thierry, sommes-nous tenté par cette vision dualiste? Quelle place donnons-nous au travail dans notre appel chrétien? En quoi nous permet-il d’accomplir un ministère au service des hommes?
Le dualisme n’est pas une fatalité! Nous pouvons décider d’en sortir en acceptant de voir les choses comme Dieu les voit. Choisissons de faire de notre travail un ministère: une activité spirituelle par laquelle nous pourrons servir Dieu et le glorifier.
Anne-Marie Husson