Bien qu’en Suisse l’organisation religions-Etat soit différente de la France, un nombre croissant d’événements atteste de l’influence du débat qui a lieu en France autour de la laïcité. Norbert Valley, président du Réseau évangélique suisse (RES), constate: «De même que la Révolution française a influencé la sécularisation en Europe, de même le débat sur le port du voile musulman ou la liberté de conscience pour motifs religieux influence aujourd’hui la Suisse, en particulier la Suisse romande.»
Jean-François Mayer, de Religioscope, remarque aussi que la Suisse se sécularise. La discussion qui a entouré la référence au «Dieu Tout-Puissant» lors de la révision de la Constitution et les soubresauts de débats autour de la révision de l’hymne national en sont la preuve.
L’espace accordé à l’expression religieuse plurielle est certes garanti, mais il tend à reculer, notamment dans les écoles. Norbert Valley observe qu’il diffère entre les deux principales régions linguistiques: «En Suisse alémanique, le rôle attribué aux religions, en particulier chrétiennes, est encore plus important.»
Le président du RES rappelle que les évangéliques, et plus globalement les protestants, ont participé à la sécularisation de la société. Ils ont promu le libre arbitre en matière religieuse et philosophique: «Avant le siècle des Lumières, la religion du roi était celle du peuple». Aujourd’hui, la tentation des partisans d’une laïcisation est d’éliminer Dieu de la société, «preuve qu’ils ne défendent pas la laïcité, mais l’athéisme».