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La Turquie tentée par un repli

© Alliance Presse
Le jeu politique du président turc est révélateur d’une radicalisation. Un contexte potentiellement défavorable pour les chrétiens.
Christian Willi

A quel double jeu se livre donc la Turquie? Fin juillet, Ankara annonçait un accord de coopération militaire avec Washington. En échange d’une mise à disposition de l’aviation américaine de la base militaire d’Incirlik, dans le sud du pays, Ankara obtenait le soutien américain pour instaurer un couloir sécurisé le long de sa frontière avec la Syrie. En théorie, les territoires au sud de la frontière sud devraient permettre le renvoi des 1,8 million de réfugiés en Syrie.
Etonnement: les premiers raids aériens turcs ciblaient un peu les insurgés de Daech en Syrie et beaucoup les partisans et alliés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) .Surprenant aussi de voir, en réponse à un attentat suicide attribué aux djihadistes de Daech à la frontière syrienne, une vague d’arrestations visant là encore en majorité des activistes de la cause kurde. La spirale de violences a repris de plus belle.
Pour le géopoliticien Gérard Chaliand, expert en conflits, l’objectif du président turc Recep Tayyip Erdogan est ailleurs: en priorité éviter l’instauration d’un couloir kurde autonome qui pourrait un jour s’étendre du Kurdistan irakien à la Méditerranée. Quitte à affaiblir la seule armée capable de résister aux islamistes de tous bords au sud de sa frontière avec la Syrie: les Unités de protection du peuple (YPG), soutenues par le PKK. Dans Le Temps, Saleh Muslim, coprésident du parti kurde PYD, estime que la Turquie soutient en fait les djihadistes contre les Kurdes.
Suite à la perte de la majorité absolue aux élections parlementaires du 7 juin, le président turc pourrait avoir décidé de marginaliser les Kurdes. L’exact contraire de la pacification entreprise depuis le début du processus de paix engagé avec les Kurdes en 2012.
La formation d’un gouvernement de coalition ayant échoué, la Turquie s’achemine vers des élections anticipées. La radicalisation conservatrice du président Erdogan lui permettra-t-elle de retrouver la majorité absolue au parlement? C’est la crainte d’Ayaz*, pasteur d’une des dix plus grandes Eglises évangéliques: «Nous sommes entrés dans une nouvelle période de confrontations et d’instabilité.»

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