La force des permaculteurs chrétiens qui se réunissent…
Inconnue du grand public jusqu’alors, la permaculture a fait son arrivée dans de nombreux potagers ces six dernières années. Les chrétiens, dans leur majorité, ont été un peu plus réticents que le reste de la population. En effet, cette nouvelle approche est, comme beaucoup de démarches alternatives, portée par des personnes rarement alternatives dans un seul pan de leur vie. Elisée en témoigne: «Alors que j’étais responsable d’un jardin social partagé, plusieurs sont venus me parler de permaculture, mais ces personnes pratiquaient souvent le New Age ou d’autres religions animistes et leurs discours ne suscitaient pas mon intérêt.»
Mais, des chrétiens engagés ont dépassé cet a priori et ont porté leur regard sur les bases scientifiques et agronomiques de cette redécouverte du fonctionnement naturel de la création, à l’instar de David et Olivia de la ferme de la Goursaline ou encore de la base de Jeunesse en Mission de Burtigny dans le Canton de Vaud en Suisse. Ainsi, ils proposent, autant les uns que les autres, des formations à destination des chrétiens désireux de connaître les méthodes de jardinage et de maraîchage qui découlent de la permaculture.
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Un domaine pionnier
Cependant, ces chrétiens se sentent souvent isolés car, dans leurs Eglises locales, la majorité des personnes n’est pas forcément intéressée par ce sujet qui passe dans l’esprit de beaucoup comme anecdotique. Sylvain Teissonnière formateur à l’Ecole Buissonnière (une école de formation en ligne gratuite en permaculture) partage son désir de voir plus de chrétiens s’engager dans le domaine: «La permaculture c’est encore un domaine avant-gardiste et un peu pionnier, il y a un grand besoin de partage d’expériences et de connaissances. Cela évite que tout le monde fasse les mêmes erreurs.»
C’est pour cette raison que Philippe Ribière a souhaité mettre en place une plateforme Internet privée, «Des Joseph pour aujourd’hui et pour demain», ayant pour but de permettre aux étudiants, porteurs de projets, formateurs ainsi qu’aux professionnels de se retrouver et s’enseigner mutuellement.
Réseautage
Cette initiative a reçu un accueil favorable et près de 200 porteurs de projets se retrouvent désormais sur cette plateforme. Certains y viennent avec comme seul objectif d’améliorer la gestion de leur potager personnel, mais d’autres ont de réelles ambitions d’autonomie et de résilience alimentaire pour les territoires sur lesquels ils demeurent. C’est là qu’intervient tout l’intérêt, d’après Sylvain Teissonnière: «Il est primordial de comprendre que l’autosuffisance alimentaire s’approche du mythe. Il est très rare que l’on soit bon dans tous les domaines. C’est la force du réseau que chacun puisse offrir aux autres ses propres compétences, connaissances et productions».
Il semble également que cette mise en réseau soit une des réponses à l’appel que plusieurs ont lancé visant à se préparer pour des années difficiles à venir. Dans une démarche proche et complémentaire de celles des réseaux de permaculture, l’Association Solidarité Paysans Romandie organise des soirées «Paysans Debout» destinées à encourager, fortifier et exhorter les paysans de Suisse Romande, mais aussi de France. En visio-conférences, elles sont ouvertes à toutes les personnes sensibles à la cause paysanne et surtout «à l’alliance qui réunit le Créateur, le cultivateur et le consommateur».