Ils quittent tout pour ouvrir un orphelinat à Madagascar
«Nous avons vendu notre maison hier et nous espérons décoller en juillet pour Madagascar, dès la réouverture des frontières.» Accompagnés de leurs trois enfants, de sept ans, cinq ans et deux mois, Romain et Séverine Lagache quittent tout pour s’occuper des enfants des rues d’Antananarivo, la capitale malgache. Ce couple de trentenaires de l’Est de la France a fondé l’association 2400 sourires. A travers ce changement radical, la famille a la conviction de répondre à l’appel de Dieu pour replanter et ressemer de l’espoir, inspirés par le verset de Jérémie 1, 10. Le container est déjà prêt, rempli à un tiers des affaires de la famille et aux deux tiers restants de dons pour les enfants sur place: vêtements, jouets et matériel
pédagogique.
Au départ, une prise de conscience
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Les Lagache auraient pu faire le choix du confort et de la sécurité, bien intégrés dans la vie économique et sociale et dynamiques dans leur Eglise locale. Pourtant ils ont choisi de se lancer dans un «projet de foi» plutôt que dans un «projet de vie». C’est lors d’un séjour en famille à Madagascar en mars 2019 où les parents de Romain sont implantés, que le couple, se rendant en amoureux au restaurant, tombe nez à nez avec des centaines d’enfants qui dorment dans la rue sur des cartons. Une situation de survie qui les touche et en particulier cette phrase d’un garçon qui dit: «Je suis un misérable. Nous sommes des misérables.»
Romain et Séverine sont frappés par cette pauvreté et se sentent interpellés. «Dans les deux semaines qui ont suivi, nous avons senti que Dieu nous appelait. Il nous a fait rencontrer de nombreux responsables d’ONG et même le président de la République! Une série de rendez-vous divins. C’est comme si Dieu nous disait: “Qu’allez-vous faire? Allez-vous répondre à mon appel?”»
Le projet mûrit
Ni Romain, éducateur médico-sportif, ancien militaire de réserve et pompier volontaire, ni Séverine, qui travaille auprès de personnes atteintes de surdité, ne se sentent équipés pour venir en aide aux 2400 enfants des rues d’Antananarivo, selon un rapport de l’Unicef. Ce chiffre donnera d’ailleurs le nom de leur association. Ils n’ont ni les finances, ni les compétences pour monter et gérer une structure «mais Dieu ouvre les portes», assurent-ils. «Dieu n’attend pas des gens compétents mais des gens prêts à servir. C’est ça la foi», assure Romain.
Dès leur retour en France, la famille commence à faire ses cartons et se tient prête à répondre à l’appel, à la mission confiée et non pas à un simple «élan émotionnel éphémère». La pandémie et le temps disponible grâce au confinement permettent au projet de mûrir et à la famille d’accueillir leur troisième enfant. «C’était un cheminement d’au moins un an, où nous nous sommes retrouvés pris entre ce qu’on a reçu et le train-train quotidien», confie Séverine. «Saura-t-on venir concrètement en aide à ces enfants?» Il s’agira d’un cheminement d’abandon devant Dieu pour développer cette confiance, cette foi.
Une aide concrète
De façon «miraculeuse» l’association dispose d’un terrain pour ses activités, près de l’aéroport de la capitale malgache et de fonds pour démarrer le projet. Une fois sorti de terre, un premier «village» accueillera jusqu’à 250 enfants avec une prise en charge globale: hébergement, nourriture, scolarité, sport, art et aumônerie. A terme, une section pour les enfants sourds, en lien avec les connaissances de Séverine, pourrait voir le jour.
Si le projet a pris un tournant décisif avec cette prise de conscience des besoins de ces enfants dormant dans la rue, Romain comme Séverine avaient avant même leur mariage chacun la volonté d’ouvrir un orphelinat. «Ce n’était pas une révélation mais un appel. On peut y répondre ou non. Sinon, Dieu envoie quelqu’un d’autre.»
«Que faisons-nous de notre argent, de notre temps?»
C’est en paix que la famille Lagache prépare son départ vers Madagascar, un des pays les plus pauvres du monde. Elle recherche des soutiens financiers et dans la prière pour permettre de pérenniser cet engagement auprès des plus démunis. «Que faisons-nous de notre argent, de notre temps? C’est une question qui revient au quotidien. Quand Dieu nous a invités à répondre à cet appel, la perspective de retourner à Madagascar où j’ai vécu de mes douze à vingt ans ne m’enchantait guère. Retrouver son rythme, la pauvreté et la vigueur du pays n’était pas un but en soi. Mais parce qu’on a dit oui, la joie et le plaisir viennent.»