Face à l’épreuve, il faut rester connectés
Lytta Basset, sommes-nous tous égaux devant l’épreuve ? Oui. Ne nous comparons pas avec notre voisin. Comme le dit bien l’expression : «Tout le monde en a sa dose». On ne sait pas ce qui peut nous arriver, la vie n’est facile pour personne, mais quels que soient les événements, on a à se demander ce qu’on va en faire. Il est vrai que devant le mal, nos caractères nous font réagir différemment. Notre éducation et les traumatismes vécus aussi. J’ai constaté que les personnes qui ont beaucoup souffert sont aussi celles qui ont une très grande capacité à la joie. Dans la mesure où je veux malgré tout mettre ma main dans la main de Dieu, il me conduit dans sa joie parfaite.
Comment traverser l’épreuve sans s’effondrer ?
En restant en relation avec les autres êtres humains et, à travers eux, avec Dieu. Quand on souffre énormément, on perd la présence de Dieu. Si nos proches prient, pensent à nous, nous soutiennent, c’est comme un filet de sécurité. Sans ce soutien, cette sollicitude, il est très difficile de tenir. Jésus disait que là où deux ou trois sont assemblés en son nom, il est au milieu d’eux.
–CREDIT–
Il est aussi utile d’être accompagné
par des professionnels, de recevoir
l’accompagnement spirituel d’un
pasteur ou d’un «psy». Cette personne
nous aidera à voir clair dans notre
situation et à nous retrouver. Pour ma part, je
fais beaucoup d’accompagnements et les personnes
aiment cette dimension spirituelle de leur
cheminement.
Nos épreuves d’Occidentaux ne sont-elles pas
souvent des «caprices d’enfants gâtés» ? En Occident
aussi, les gens vivent de très grandes détresses.
Le taux de suicide est bien plus élevé
que partout ailleurs. J’ai vécu en Inde, en Iran, à
Djibouti et souvent j’y ai vu plus de joie qu’ici.
C’est vrai que dans notre société de consommation,
on a tendance à vouloir tout, tout de
suite et on est fragiles face à la vie lorsqu’elle
ne nous apporte pas ce que l’on désire. On a
un grand travail à faire sur nous, en Occident,
afin d’accepter l’échec et l’impuissance. Lorsqu’une
personne ne possède rien, faire face aux
difficultés est son pain quotidien. Elle connaît
et accepte ce sentiment d’impuissance. Ce
qui peut nous aider à accueillir ce sentiment,
c’est l’expérience de Jésus lui-même, par
exemple lorsqu’il pleurait devant Jérusalem.
Peut-on aider une personne si l’on a pas vécu
soi-même la situation ? Oui, car nous avons en
nous la capacité de vibrer à ce que vit l’autre
et à trouver les mots justes. Dans un couple, on
est souvent très différents. Si l’un des deux traverse
une dépression et que l’autre n’a jamais
connu cet état, il peut néanmoins par sa présence
empathique être un repère. Dieu a donné à chaque être humain cette capacité
étonnante d’écoute et
de compassion.
L’épreuve a-t-elle un rôle
pédagogique ? Cette question
sous-entend que Dieu
envoie la souffrance pour
qu’une personne apprenne
quelque chose, mais la Bible
ne nous donne jamais l’explication
du mal. Il n’est jamais
mentionné que Dieu envoie
le mal pour apprendre quelque
chose aux êtres humains.
Cela n’empêche pas qu’il
nous est possible de grandir
à travers nos souffrances.
Mais même Jésus n’explique
pas l’origine de la souffrance.
Dans Matthieu 18, il
dit : «Malheureux le monde
à cause des choses qui font
tomber !». Si Jésus ne donne
pas d’explication au mal,
comment osons-nous penser
que nous pouvons l’expliquer
? La Bible nous enseigne
que Dieu a toujours voulu le
bonheur et la joie pour nous.
Diriez-vous alors que Dieu
laisse faire ou qu’il permet
les difficultés ? C’est difficile
à dire. Le mal est un tel
mystère ! Il y a des souffrances
que l’on provoque, par
exemple en prenant des risques
inconsidérés. Mais il y
a tant de souffrances injustes !
Je donne une énorme importance
au mystère de Dieu.
Vous souvenez-vous de
ce récit dans Luc 13 où Jésus
pose cette question : «Ces
dix-huit sur qui est tombée
la tour de Siloé, pensez-vous
qu’ils aient été plus coupables
que tous les autres habitants
de Jérusalem ? Non,
vous dis-je.» ? Jésus nous
montre que le seul enseignement
à tirer d’une tragédie
consiste à nous «convertir».
Que signifie ce mot dans la
Bible ? «Se retourner vers
Dieu »! Quand vous ne comprenez
rien au malheur, à la
souffrance, redoublez de relation
avec Dieu.
Quand on aime quelqu’un
et qu’il se produit un événement
que l’on ne comprend
pas, on chois
i t q u a n d
m ê m e d e
r e s t e r e n
r e l a t i o n
avec cette
personne.
On décide
que l’amour
r e s t e e n –
t r e n o u s .
C’est de la
confiance.
Mais parfois, les malheurs
font l’effet inverse. Les gens
se détournent de Dieu. Bien
sûr. Un discours très répandu
est que Dieu a voulu ce malheur,
alors les gens ne peuvent
plus croire que Dieu est
bienveillant ! Jésus dit que
la question du «pourquoi»
est une fausse question.
C’est comme un enfant qui
se demande pourquoi son
papa ou sa maman permet
qu’il souffre comme ça. Il
ne comprend pas mais il va
garder la relation avec eux.
Peut-être qu’il comprendra
plus tard mais pour l’instant,
il reste en lien avec eux.
Il y a de nombreux passages
dans la Bible qui affirment
que Dieu a horreur de
la mort de ses amis et qu’il
a tout fait pour la vie. Il a
horreur de voir souffrir ses
enfants.
PROPOS RECUEILLIS PAR
SANDRINE ROULET
Publicité
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui -Janvier 2007
Ce que les thérapeutes
✠ Dire à Dieu ce que l’on ressent vraiment : colère, sentiment d’abandon, comme le faisait David dans les Psaumes. ✠ Ne pas rester seul. Jésus comprenait le besoin de l’homme d’être soutenu dans la souffrance, voilà pourquoi, lorsqu’il était sur la croix, il a dit à sa mère, en parlant de Jean : «Femme, voici ton fils» et à Jean : «Voici ta mère.» ✠ Se confier à une personne capable d’écouter et s’entourer de proches qui seront un soutien dans la prière. ✠ Être suivi par un thérapeute peut se révéler utile, afin de ne pas prendre un mauvais chemin (comme la culpabilité). ✠ Pratiquer la prière d’écoute en demandant à Dieu sa compréhension de ce qui nous arrive. ✠ Se remémorer deux bonnes raisons de garder espoir : Dieu garde nos vies dans sa main et avec la tentation ou l’épreuve, il nous donnera aussi le moyen d’en sortir pour que nous puissions la supporter (1 Cor. 10,13). ✠ Les épreuves ont un commencement et une fin. (AVEC B. AMAUDRUZ , M. CZECH ET R. SAMBATI)
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: