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Comment Soljenitsyne a reçu la foi

Récit d’un témoignage tragique dans un goulag

Autant l’Occident a célébré en Alexandre Soljenitsyne, décédé le 4 août, l’écrivain qui a exposé l’enfer concentrationnaire soviétique, autant il a eu de la peine à accueillir sa critique du monde libre, de sa faiblesse morale, de son mercantilisme, de son star system : il était trop moralisateur, trop prophétique, trop chrétien, trop attaché à sa patrie, la Russie. Mais comment tout cela a-t-il commencé ? Il faut revenir à la fin des années 40. Un médecin d’origine juive, Boris Nikolaïevitch Kornfeld, était alors emprisonné comme dissident. Un codétenu cultivé lui parla alors de Jésus, messie juif venu accomplir les promesses que Dieu avait faites à Israël. Son peuple avait tant souffert aux mains des tsars orthodoxes que Boris Kornfeld ne pouvait concevoir cette idée. Mais les similitudes entre Jésus et le peuple d’Israël le travaillaient.
–CREDIT–
La résistance de Kornfeld au message chrétien peut avoir commencé à fléchir lors de son travail de médecin. Face à un gardien qu’il soignait et qu’il aurait pu laisser mourir sans qu’on le sache, il fut soudain saisi d’effroi devant la haine qu’il découvrait en lui-même. Il se mit à rechercher le pardon.En tant que médecin, Kornfeld devait contresigner les décisions d’incarcération au «chizo», l’isolateur disciplinaire.
Il en avait signé des centaines auparavant, mais il ne le pouvait plus. Quelque chose s’était passé en lui qui ne le lui permettait plus.Pareille insoumission était déjà grave, mais il alla plus loin : il dénonça un «planqué
», un de ces prisonniers qui coopéraient avec les autorités du camp. Après s’être occupé d’un patient souffrant de malnutrition, Kornfeld tomba sur un planqué bouffi, penché sur les restes d’une miche de pain blanc destinée au malade. L’homme le regarda effrontément, la bouche pleine.Se sachant désormais à peu de choses près condamné, Boris Kornfeld sentit le besoin de partager avec quelqu’un ce qu’il avait découvert. Il jeta son dévolu sur un jeune homme qu’il venait d’opérer d’un cancer de l’intestin. Il commença
donc à lui raconter son histoire. La bouche une fois ouverte, il ne put plus s’arrêter. L’ardeur du médecin attira l’attention du patient, bien qu’il fût tremblant de fièvre. Pendant toute l’après-midi et jusque tard dans la nuit, Kornfeld lui parla, décrivant sa conversion à Jésus et la liberté qu’il venait de trouver. Le patient était conscient d’entendre une confession incroyable. Le témoignage de Boris Kornfeld, qui mourut assassiné dans son sommeil
la nuit même, ne fut pas en vain. Le patient médita les dernières paroles, passionnées, du médecin. Il crut à son tour. Il survécut au goulag et raconta au monde ce qu’il y avait vu. Ce patient s’appelait Alexandre Soljenitsyne.

D’après Charles Colson

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Septembre 2008

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