A-t-on évolué depuis la peste noire?
La gestion des pandémies de la part de l’Eglise a évolué au cours des siècles. Au moment de la peste noire (1347-1352), il y a eu une recrudescence du culte, explique Nicolas Balzamo, historien à l’Université de Neuchâtel et spécialiste d’histoire religieuse. L’idée que rassembler les fidèles pouvait favoriser la propagation de la maladie n’existait pas à cette époque. «Au contraire, les fidèles comptaient sur la religion pour conjurer le fléau de la pandémie.» Des premières mesures commencent à apparaître à la Renaissance. L’Archevêque Ambroise de Moscou décide en 1771, en pleine épidémie de peste en Russie, de supprimer la prière collective. Malheureusement, la décision n’a pas plu à la population, qui crée une émeute et tue l’Archevêque.
Les connaissances ayant évolué entre temps, l’épidémie de grippe espagnole (1918-1919) a été accueillie autrement. En effet, les Eglises n’ont pas été épargnées par les fermetures, restrictions d’horaires et limitations du nombre de personnes rassemblées, qui touchaient également le reste de la société. La France et la Suisse ont ainsi réduit les services religieux. A Lausanne, après que certains services religieux ont été proposés dans les parcs publics, ils furent rapidement interdits par la suite. Néanmoins, dans de nombreux pays, tous n’ont pas accepté de se plier aux règles. A Genève, par exemple, deux prêtres reçurent des amendes pour avoir prêché malgré l’interdiction de rassemblement.
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Durant de nombreux siècles, l’idée selon laquelle les épidémies émanaient d’une punition de Dieu était courante: «Mais ce genre de discours ne fait plus partie de l’arsenal des autorités de l’Eglise», indique Nicolas Balzamo. «En revanche, cela n’empêche pas certains prêtres ou pasteurs, de tendances plus conservatrices, de tenir localement ce genre de discours.»
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mai 2021
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