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Un acte barbare de plus

Cérémonie en hommage au professeur assassiné le 21 octobre. Entrée du cercueil de Samuel Paty dans la cour de la Sorbonne.
© Capture France 24
L'édito de la rédaction. Est-ce un acte barbare de plus dans une société qui s’émiette? Samuel Paty, professeur d’histoire- géographie de 47 ans a été décapité en pleine rue à deux pas de son collège de Conflans-Sainte-Honorine près de Paris.
David Métreau

Est-ce un acte barbare de plus dans une société qui s’émiette? Samuel Paty, professeur d’histoire- géographie de 47 ans a été décapité en pleine rue à deux pas de son collège de Conflans-Sainte-Honorine près de Paris. Il a été sauvagement assassiné parce qu’il avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mohammed republiées par Charlie Hebdo.

Après avoir ciblé des journalistes, des policiers, des militaires, des fêtards et des touristes, des anonymes, des Juifs et des chrétiens, c’est au tour du corps professoral d’être attaqué par les terroristes islamistes.

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Est-ce seulement un numéro de plus qui vient s’ajouter à la très longue liste des 252 autres victimes mortes du terrorisme islamiste en France depuis janvier 2015 et l’assassinat de la rédaction de Charlie Hebdo? Pas seulement. Le motif et la violence inouïe de l’acte rendent cette attaque particulièrement atroce. Un professeur a perdu la vie à cause de son travail d’enseignement. Il souhaitait sensibiliser ses élèves à un esprit critique.

Fascistes islamistes

Le chiffre de 253 est en lui-même tout aussi terrifiant qu’éclairant. A titre de comparaison, 362 victimes mortes dans des attentats politiques et assassinats ciblés (perpétrés cette fois-ci par l’extrême gauche et l’extrême droite) étaient à déplorer en Italie entre la fin des années 1960 et le début des années 1980. Cette terrible période a été surnommée les «années de plomb». La France, et plus généralement l’Europe occidentale, semblent se diriger vers des «années noires», sans doute assez comparables mais cette fois-ci à cause de «fascistes islamistes». Et cela dans un même contexte de faiblesse de l’Etat et d’institutions défaillantes.

En février 2006, quelques mois après la publication des premières caricatures dans le quotidien danois Jyllands-Posten, Kofi Annan, Jacques Chirac, et Bill Clinton avaient dénoncé «l’usage abusif de la liberté de parole» des journaux (dont Charlie Hebdo) ayant contribué à diffuser les caricatures. Les trois hommes politiques avaient appelé à plus de «responsabilité et de respect envers les sentiments religieux».

Autres temps, autres mœurs. Il n’est aujourd’hui malheureusement plus question de respect des sentiments des uns et des autres. Le sang a coulé. La laïcité à la française a eu ses martyrs. Elle a aussi montré ses failles pour maintenir la cohésion sociale et la paix religieuse. Hélas.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui novembre 2020

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