Mais t’es pas net!
L’édito de l’édition de mai 2024
Elles ne sont pas nombreuses donc quand elles défilent sur notre fil d’actualité, il faut les repérer et les saisir, les nouvelles qui font sourire. Celle du 10 avril dernier aura enthousiasmé plus d’un internaute: Baptiste Moirot a été nommé comme l’un des porteurs de la flamme olympique aux Jeux qui auront lieu dans un peu moins de deux mois à Paris. Et si le nom ne dit rien à personne, c’est bien normal. En 2017, le jeune homme alors âgé de vingt-deux ans avait fait le buzz sur internet après la publication d’un direct Facebook où on le voyait jouer avec du feu assis en caleçon dans sa chambre en pleine nuit, sous l’effet de forts somnifères. C’est l’irruption de sa mère dans la chambre qui a rendu la scène virale. Effarée, elle s’était écriée: «Mais t’es pas net Baptiste!» Ce à quoi l’intéressé avait répondu: «Mais si, je suis très net.»
Sept ans après le buzz, c’est donc un joli renversement de l’histoire pour ce jeune Français aujourd’hui père de famille, et une étonnante victoire pour les plus de 270 000 signataires de la pétition «Pour que Baptiste allume la flamme olympique des JO 2024 à Paris» démarrée en 2021. L’anecdote peut faire sourire, mais elle peut aussi faire secouer la tête – après tout, n’y avait-il vraiment personne d’autre, peut-être quelqu’un de plus qualifié, de plus remarquable, de plus sérieux pour porter cette flamme historique avec les autres sélectionnés? Et les médias n’ont-ils rien de mieux à faire que de s’attarder sur ce genre d’histoire insignifiante?
Sûrement que oui, beaucoup d’autres méritaient davantage de porter cette flamme et oui aussi, les médias ont sûrement mieux à faire. Toutefois, l’info mérite notre attention, car en plus d’être positive, elle permet quelques réflexions intéressantes.
«Mais t’es pas net Baptiste» résonne fort. On y lit la stupeur face à la bêtise voire la folie. En d’autres termes, on comprend «mais ce que tu fais n’a pas de sens» ou encore «tu n’es pas doté de raison». Tant de critiques qui devraient nous sembler familières à nous chrétiens, non?
Nombreux sont les exemples bibliques décrivant des actes de folie effectués par tous nos héros préférés. Le prophète Elie ne versait-il pas des litres d’eau là où devait descendre le feu? Noé ne s’acharnait-il pas à construire une arche sans une goutte de pluie en vue? Jean-Baptiste n’annonçait-il pas un baptême de feu? «Mais t’es pas net Baptiste!» Mieux encore dans le registre, la prédication de la croix: n’est-elle pas folie aux yeux des êtres humains, selon Paul?
Mais pour nous, elle est puissance. Alors oui sûrement, beaucoup de personnes plus qualifiées mériteraient de prendre la place de Baptiste. Et sûrement aussi, au lieu de nous choisir nous, Dieu pourrait (et il devrait!) se servir de personnes bien plus douées, bien plus matures et compétentes. Et pourtant c’est à nous – ces chrétiens pas nets – qu’il a confié sa flamme. C’est bien connu, il choisit les choses folles du monde pour confondre les sages. Alors, fiers d’pas être nets?
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Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mai 2024
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