«Sondager» pour régner
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Vu de ce côté-ci de l’Atlantique, les campagnes électorales US flirtent entre les shows, les carnavals, les kermesses populaires ou populistes et les slogans lessiviers de publicité. Pour le coup, cette dernière campagne aurait bien eu besoin de lessives tant elle a eu des aspects sales avec ses coups bas et ses attaques nauséabondes. L’Amérique, c’est parfois loin d’être un rêve !
Une des caractéristiques de cette récente campagne a été l’utilisation des micro-ciblages. Les partis qui en ont les moyens peuvent tout analyser des électeurs en fonction des recoupements et croisements d’informations personnelles traquées par l’informatique. Ainsi, chaque candidat est capable de cibler chaque sensibilité et chaque particularisme dont il peut avoir besoin. Le renversement de la majorité au Sénat américain vient de se jouer à quelques milliers de voix près. Dans cette optique, qui n’est pas nouvelle, avoir séduit les mangeurs de cornichons ou les dormeurs sans oreiller peut avait révélé déterminant.
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Il est évident que ces analyses qui rangent les électeurs dans des catégories de plus en plus précises déterminent les types de séductions à mettre en place lors des campagnes.
Plus rigoureux que les sondages sur les intentions, voilà que l’on est capable de jouer sur les pulsions et impulsions de votes.
Or, force est de constater qu’en Europe, cette gangrène gagne ; la pré-campagne présidentielle en France va nous en donner de plus en plus la preuve. Déjà, on sent bien dans les discours de certains candidats (et candidates) que les propos évoluent en fonction des réactions, mais aussi des études de ciblages. Que l’on soit paysan, écologiste,fonctionnaire, retraité ou gay, les clins d’oeil et les petites phrases vont tous azimuts.
Dans ces conditions, on se demande si les chrétiens ne feront pas aussi bientôt partie des niches d’électeurs à séduire. Certes, cette carte n’est pas facile à jouer parce qu’on ne peut à la fois soutenir la corporation gay et les chrétiens évangéliques ; quoique l’art politique et diplomate soit capable de tout, y compris de nous ressortir l’histoire de David et de Jonathan.
Quoi qu’il en soit, à l’heure où les évangéliques se disputent
avec les musulmans des récents progrès médiatiques,il ne faudrait pas qu’ils se laissent séduire par les promesses électoralistes et les futurs représentants du pouvoir. Ce qui a souvent été reproché aux Églises historiques, à savoir les accointances avec le pouvoir en place ou à venir, pourrait très bien titiller les aspirations évangéliques dans leur volonté d’influencer la société, de les sensibiliser aux valeurs chrétiennes, voire d’évangéliser le pays !
Nous n’en sommes pas là, bien sûr, mais voyez déjà combien certains bombent le torse depuis qu’un pasteur évangélique a été nominé pour devenir président de la Fédération Protestante de France !
HUGUES NOT
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Décembre 2006
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