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Jusqu’à en geler nos cerveaux

L'édito de l'édition de juin 2024
Maude Burkhalter

Il y a six mois, pour terminer l’année 2023, j’évoquais sur cette page un constat d’échec, en référence aux événements dramatiques qui secouaient le Proche-Orient. Depuis, on aurait aimé que les appels à la paix, à la réconciliation et au cessez-le-feu aient été entendus et des solutions pertinentes trouvées pour faire vivre en paix côte à côte les habitants et propriétaires du pays promis. Que depuis, Israël-Palestine s’élève en exemple de diplomatie parmi les nations du monde, n’est-ce pas? Et mieux encore, que depuis fin 2023, les évangéliques de France, de Suisse et du monde aient retrouvé l’unité sur la délicate question d’Israël et entretiennent à nouveau des conversations constructives dans leurs Eglises et dans leurs foyers.

Du côté de l’Ukraine, on en souhaite autant. Peut-être qu’à l’heure de lire ces lignes, le cadre idyllique nidwaldien d’un certain hôtel qatari aura fait avancer la paix dans le monde, la Russie en moins. Affaire à suivre. Pour le reste, le constat d’échec s’éternise et l’on est donc forcé de se demander: qu’est-ce qu’il faudrait pour qu’une trêve soit négociée? Jusqu’où les violences iront-elles avant que les belligérants se disent «trop c’est trop»? Ou pire encore, combien de kyrie eleison devrons-nous faire monter jusqu’à ce que nous soyons entendus?

Entre hausse de l’antisémitisme, circulation d’infox et polarisation des opinions, on remarque plus récemment, dans nos régions et par le monde, les mouvements des étudiants universitaires. Ils sont des centaines voire des milliers à protester par l’immobilisation devant leurs établissements. En faveur de la libération de la Palestine et s’opposant à l’injustice aux yeux de certains, en mobilisation anti-israélienne nourrie par la propagande et encourageant un antisémitisme virulent aux yeux d’autres. Selon l’historien Michael Cazin, interrogé par Le Monde le 9 mai, «il s’agit là du mouvement le plus important sur les campus américains depuis la lutte anti-apartheid des années 1980».

La portée des événements du Proche-Orient est si large qu’elle va jusqu’à immobiliser, geler les cerveaux – les têtes pensantes de notre société. C’est là le constat du moment, pourrait-on dire. Et geler les nôtres, par la force des choses. Car comment bien penser ce conflit? Comment réfléchir et comprendre correctement l’incompréhensible? Alors non, après six mois, pas de bilan à dresser, pas de leçon à tirer non plus, si ce n’est – et c’est là ma proposition – un besoin de renouvellement de notre intelligence pour mieux discerner le bon, l’agréable et le parfait, et ne pas se conformer au siècle présent (Rom. 12, 2). En d’autres mots, un reset de nos cerveaux.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juin 2024

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