Mariage pour tous : Voter «non» a une dimension prophétique
Le peuple suisse est appelé à se prononcer le 26 septembre sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et sur l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes. Si les sondages laissent penser que 64% des Suisses sont favorables au «mariage pour tous», pas question pour le pasteur Gérard Pella - qui est contre - de baisser les bras.
Deux approches
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«Même si tout ne semble pas gagné d’avance, cela vaut la peine pour les chrétiens d’aller voter et de s’exprimer sur cette question.» Le théologien réformé décrit deux approches: l’une politique, qui consiste à mobiliser le maximum de voix pour faire emporter le «non au mariage pour tous», l’autre prophétique. «Cette approche prophétique est inspirée du livre d’Ezéchiel (2, 7) où Dieu lui ordonne de parler de sa part, “qu’ils écoutent ou n’écoutent pas”. Il s’agit ainsi de montrer où est le chemin, de poser des repères, sans pour autant jeter la pierre sur ceux qui ne le suivent pas», souligne le président du comité du mouvement confessant Rassemblement pour un renouveau réformé (R3). Et cela passe selon lui par le vote du 26 septembre.
Ne pas se conformer, mais sans s’imposer
«Mon positionnement est celui des Eglises du premier siècle, appelées à ne pas se conformer à l’éthique ambiante mais sans imposer leurs convictions à la société.» Gérard Pella constate par ailleurs qu’il est difficile pour les pasteurs réformés et parfois même évangéliques de se positionner publiquement contre le mariage pour tous, notamment par peur de blesser, d’être clivant et de rendre les personnes «allergiques» à l’Evangile. «Cela me désole. Mais je reconnais qu’il est plus facile pour moi de m’exprimer sur le sujet parce que je suis retraité et que je n’ai pas de devoir de réserve par rapport à mes paroissiens ou mes responsables», souligne-t-il. La démarche de reconnaissance des évangéliques par l’Etat pourrait en outre freiner certains responsables et encourager à une certaine retenue sur le sujet de l’homosexualité, estime-t-il.
Le théologien développe trois arguments pour dire non au mariage pour tous et à la PMA: «Tout d’abord, ce n’est pas biblique. Qu’on ne discrimine pas les homosexuels, c’est une très bonne chose, mais qu’on les marie ou bénisse leur union, c’est contradictoire avec la vision biblique du couple.» De plus, l’homosexualité - au lieu d’être comprise comme une exception qui confirme la règle - est présentée comme une option équivalente à l’hétérosexualité, note Gérard Pella. Cela brouille les repères pour les jeunes en quête d’identité. «Cela me paraît dommageable pour l’évolution de la société.» Troisièmement, l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes créerait selon lui une véritable injustice. «On programme le fait que ces enfants n’auront pas de papa, sans que ce ne soit accidentel ou involontaire.»