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Lutte contre la violence conjugale: quel bilan?

Violences conjugales
© iStock
Un an après le Grenelle des violences conjugales, le bilan est positif. Les Eglises sont appelées à devenir une solution.
Celia Evenson

Le Grenelle des violences conjugales a déjà un an. C’est l’heure du bilan pour les associations, y compris chrétiennes. C’est également l’occasion pour les Eglises de réfléchir à leur réponse à ce «véritable fléau», qui touche des centaines de milliers de personnes, dont 85% de femmes, d’après Philippe Fournier, de l’association la Gerbe. Cette dernière gère un lieu d’accueil pour femmes victimes de violences avec leurs enfants et est basée dans le sud de la France.

Faire avancer la réflexion

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La concertation, voulue par la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité hommes-femmes Marlène Schiappa, entre autorités, experts et associations, avait eu lieu de septembre à novembre 2019. Elle a débouché sur de nouvelles mesures et sur la promesse de moyens supplémentaires. Pour Philippe Fournier, le Grenelle a été plutôt positif: «Ce qui change progressivement, c’est l’état d’esprit de l’ensemble des participants.»

Ainsi, il signale que depuis, le réseau d’acteurs locaux dont il fait partie organise des rencontres régulières, auxquelles participe le substitut du procureur. Cela a aussi fait avancer la réflexion sur un problème complexe. Il s’agit notamment de ne plus considérer les enfants comme des témoins mais des victimes.

Et les auteurs des violences?

«Ce qui manque encore», ajoute-t-il, «c’est la prise en charge des auteurs de violences. Le gouvernement a lancé un appel d’offres pour la création de deux lieux de prise en charge psychologique par région administrative. Une offre insuffisante, mais nouvelle. Si certaines associations ont dénoncé le manque de moyens, Philippe Fournier signale que les mille places d’accueil supplémentaires ont bien été ouvertes, et mille autres ont été promises. Et depuis le début de la crise du Covid, «les moyens ont été maintenus», reconnaît-il.

Dans son entourage, une Eglise évangélique s’est emparée du sujet. Elle a accueilli une réunion d’information avec la gendarmerie et un lieu d’accueil et d’écoute. Cette démarche reste toutefois exceptionnelle. Philippe Fournier demande aux Eglises d’agir «en amont», pour éviter de se retrouver dans les situations «très avancées

où les femmes sont obligées de se mettre à l’abri», auxquelles répond la Gerbe.

L’Eglise, un rôle clé à jouer

Plusieurs facteurs expliquent la difficulté des Eglises à intervenir. D’abord, le manque d’un «regard attentif des Eglises sur les séparations conjugales», déplore-t-il. Selon lui, «on confond le conflit, qui débouche sur le pardon, et la violence conjugale». Dans ce deuxième cas de figure, «l’un des deux considère que l’autre a un statut différent. Il y a dissymétrie systématique avec dénigrement.» Or ce n’est pas forcément le conjoint qui part qui rompt l’alliance. «Celui qui traite l’autre comme un objet rompt l’alliance», plaide-t-il.

Ensuite, la réticence à entrer dans les familles. Les pasteurs ne sont pas forcément au courant de ce qui se passe réellement au sein des couples, mais cherchent- ils à l’être? Enfin, la réalité de la «violence religieuse», qui concerne toutes les religions. La Gerbe a accueilli des femmes fréquentant des Eglises évangéliques avec leur mari. Il arrive que dans ce cas, l’un ridiculise les croyances de l’autre, l’empêche de vivre sa foi librement, ou encore l’asservit avec des arguments religieux.

Les violences conjugales sont un drame difficile à traiter. Le Grenelle est un appel aux Eglises à faire partie non pas du problème, mais de la solution.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui novembre 2020

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