«Le suicide assisté est dans l’ère du temps. Mes patients, en soins palliatifs, me disent souvent qu’ils se sentent exclus de la société. Certains veulent donc s’éliminer». Pour Michel Pétermann, directeur de la maison de soins palliatifs Rive-Neuve, en Suisse, l’évolution des mentalités en matière de fin de vie est préoccupante.
En juin 2012, les Vaudois acceptaient une loi obligeant les maisons de retraite et les hôpitaux à procéder, en cas de demande d’un patient, à un suicide assisté dans leurs murs, avec l’aide d’Exit. Depuis, les maisons de retraite d’obédience évangélique voient une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, mais n’entendent pas se plier à de telles exigences (lire encadré). Deuxième inquiétude, Exit a changé ses statuts ce printemps dans toute la Suisse. La nouveauté: permettre à toute personne âgée fatiguée de la vie de recourir à une assistance au suicide. «Cette décision est révélatrice de la politique d’Exit, qui grignote toujours plus… Et c’est ce que veut la société: la population, par son abandon de la foi, légitime l’existence de ce genre d’organisations», s’insurge Matthias Link, directeur de la maison de retraite Praz-Soleil. Pour Michel Pétermann, l’objectif d’Exit est clair: la légalisation de l’euthanasie active directe.
Philippe Bless, administrateur de La Fontanelle, se dit «profondément inquiet», redoutant une offre du suicide assisté aux mineurs, comme en Belgique, ou à des personnes toujours moins proches de la mort. Michel Pétermann pointe du doigt le matérialisme ambiant et donne cet exemple: «Une femme souffrant d’un cancer a préféré mourir plutôt que de subir une ablation du sein.»