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Le jeûne, un temps pour nourrir son âme ou son ego?

© Istockphoto
Nouvelle thérapie ou une tendance spirituelle? Le jeûne est devenu une pratique dont ses adeptes s’arrachent les secrets, captivés par ses vertus bien-être, nutritionnels et... spirituels. A ne pas confondre avec le jeûne biblique aux saveurs inattendues.

Le jeûne est devenu une mode que les courants naturopathes et hygiénistes ont largement développée: «Du point de vue médical, le jeûne est bon pour le corps», assure Rut Sima, médecin assistante en nutrition à l’hôpital du Jura de Porrentruy. «Il est une sorte de restart et une désintoxification efficace. Mais le jeûne, c’est aussi mettre de côté ses besoins physiques pour investir les besoins spirituels.»

Si le jeûne peut se vivre seul ou en groupe, en marchant, en priant ou en travaillant, sa pratique trouve différentes déclinaisons grand public: jeûne complet (sans eau ni nourriture pendant 24h), partiel (apport calorique modeste), continu ou intermittent. «Le type de jeûne doit être choisi en fonction de sa santé physique et psychique, ses habitudes, traitements et raisons pour lesquelles on souhaite jeûner», poursuit la médecin. Elle propose de débuter par un jeûne partiel pour habituer le corps et recommande de boire suffisamment d’eau ou prendre des éléments énergisants en cas de mal de tête ou de malaise.

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Qu’en dit la Bible?

En parcourant la Bible, Dominique Mourot, pasteur des Assemblées de Dieu à la retraite et membre actif du réseau RESAM, témoigne de la créativité dont Dieu fait preuve en matière de jeûne. Il retient trois façons de le pratiquer: le jeûne naturel (sans nourriture mais avec liquides), le jeûne total (sans solide ni liquide) tel qu’Esdras (10, 6-8), Esther (4, 16) et Moïse (Deut. 9, 9 et 18 et Ex. 34, 28) l’ont pratiqué dans le cadre de situations d’urgence. Et enfin, le jeûne partiel qui s’apparente davantage à une diète: «Daniel et ses compagnons nous en donnent un exemple dans Daniel 1, 8-16.»

En outre, Dominique Mourot mentionne aussi d’autres jeûnes: «On peut jeûner d’écrans ou de relations sexuelles conjugales pour un temps, nous apprend 1 Corinthiens 7, 5, afin de se concentrer sur la prière. J’ai été agréablement étonné de constater que l’abstinence de nourriture n’est pas insurmontable quand la nourriture spirituelle est là.»

Une discipline considérée comme inutile voire dangereuse.

De l’aveu du pasteur ardéchois, elle a longtemps eu mauvaise presse, considérée comme une discipline inutile voire dangereuse. La médecin spécialisée en nutrition préfère au jeûne intermittent, qui favorise la perte de poids, les atouts du jeûne complet ou partiel. Et d’ajouter: «C’est le cœur qui compte, comme le prouve Esaïe 58. En effet, on peut rencontrer des problèmes physiques ou des effets secondaires qui nous empêchent de jeûner.»

Dominique Mourot abonde et poursuit: «Jeûner n’est pas une fin en soi. Dans la Bible, le jeûne est associé à la prière. Il s’agit de dégager du temps pour prier et se placer à l’écoute de Dieu et sa Parole. Cette perspective est fondamentale: le jeûne biblique, à la différence de toutes les autres formes de jeûne, nous décentre de nous-mêmes.»

L’enseignement de Jésus dans Matthieu 6, 16-18 le rappelle: «Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.» Une forme d’obéissance à la direction de l’Esprit, selon Dominique Mourot, sans obligation ni légalisme contraignants.

Quand on jeûne, c’est le cœur qui compte

Se décentrer de soi

Cependant, la pratique spirituelle renvoie chacun à ses motivations profondes: «Notre mode de pensée est conditionné par des motivations égoïstes. Même dans nos aspirations et nos désirs spirituels, le “moi” peut toujours être à la première place. Les temps de jeûne et de prière devraient être faits pour rechercher Dieu, et en secret, et non pour des bénéfices personnels.» Plus loin, l’attention est portée sur le sens du vrai jeûne, en Esaïe 58, lorsqu’en cas de querelles, de méchancetés ou de divisions, celui-ci devient synonyme d’humilité, de charité, de libéralité et de compassion.

La docteure Rut Sima le pratique régulièrement: «Quand je jeûne, j’essaie de passer plus de temps avec Dieu, pour entendre sa voix, le louer et rechercher sa volonté. Lorsque je suis au travail, le jeûne prend aussi du sens lors de mes conversations avec mes patients ou auprès des personnes avec qui je peux partager ma foi.» Ainsi, individuel ou collectif, il peut également être pratiqué par une assemblée: pour le choix d’un responsable d’Eglise (Actes 14, 23), la recherche d’une direction divine (Actes 13, 3) ou la prière les uns pour les autres (Luc 9, 1-2).

«On a perdu cette habitude», poursuit-elle. «Le jeûne permet de s’oublier et met en lumière la façon dont on nourrit notre âme pour se rapprocher de Dieu et réaliser qu’on est dépendant de lui.» Le pasteur Dominique Mourot en est convaincu: «On ne redira jamais assez combien il est important de se mettre à l’écoute de Dieu et de sa Parole dans ces moments bénis.»

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mai 2021

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