L’amour de Nnoël 4ème semaine de l’Avent
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Une rencontre insolite
L’autre jour, un couple aisé est venu me trouver par un mystérieux hasard. Ils m’ont raconté les déboires dans lesquels la crise les plongerait s’ils ne se hâtaient pas d’investir dans une valeur sûre. J’allais leur répondre que j’étais bien la dernière personne à qui s’adresser, lorsque le mari coupa court et m’affirma qu’il n’y avait pas d’erreur. En effet, quelqu’un leur avait parlé d’un placement à haute valeur ajoutée portant le label de qualité «conforme à l’esprit de Noël». Cette valeur, c’était l’amour. Rien que cela.- Nous n’avons pas besoin d’un spécialiste,
dit la dame. Un simple subalterne fera l’affaire du moment que vous représentez
le directeur.- Le directeur ?- Oui, reprit l’homme, le directeur dont vous commémorez la naissance à Noël. Il paraîtrait qu’on peut investir dans l’amour, une valeur-refuge, selon certains
analystes.- En effet, dis-je, surprise. Il y a l’amour par petits acomptes, que vous distribuez spontanément. C’est ce que fait une petite grand-mère de mon village, qui sort sur le porche chaque fois que je passe devant chez elle. Elle a toujours un mot gentil pour mon petit garçon handicapé. Pas besoin
d’être bien riche, mais vous n’imaginez
pas la valeur de cet amour-là. Cela vous ensoleille une journée. Vous pouvez investir aussi dans l’import-export, là où la misère sévit, à l’autre bout du monde. Cet amour-là passe par le porte-monnaie, mais le rendement est fantastique : une vie sauvée, quelqu’un qui retrouve la vue grâce à une opération, etc.- Ne craignez-vous pas les détournements
d’amour ?, demanda le monsieur.- L’amour est confiant. Je crois qu’il arrive toujours à destination. Il y a aussi des placements sur le long terme. Vous pouvez aimer vos proches, marquer votre reconnaissance pour tout ce qu’ils ont investi en votre faveur. Cet amour qui ne semble pas toujours rapporter gros nécessite de la persévérance. C’est l’amour du plus petit, du parent âgé dont on prend soin. Le rendement d’un tel amour est la confiance, la paix dans la relation.- Ne pensez-vous pas qu’il vaudrait mieux placer l’amour là où l’on est certain d’obtenir un retour sur investissement ?, demanda la dame.- Ce n’est pas l’avis du directeur. Il nous invite justement à aimer là où on ne pourra pas nous rendre : c’est l’amour désintéressé qui accueille à sa table l’étranger, le solitaire, celui qui n’a pas les moyens.- Mais quel est l’amour qui vous coûte le plus ?, demandèrent-ils.- Sans doute celui que je pourrais donner à des gens qui n’en veulent pas, à ces personnes suffisantes que j’ai tant de mal à aimer.- Voilà bien un placement insensé !- C’est l’amour fou de Dieu pour l’humanité, celui qui est semé jusque sur la route.C’est l’amour qui a vu le jour à Noël.Je les ai regardé partir perplexes et moi, je me suis dit que je voulais investir dans cet amour-là. J’y trouverai un jour un trésor et en attendant, le sourire du directeur. Nnathania Bboschung, écrivain
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Décembre 2008
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