La guerre au Soudan fait fuir les chrétiens

Depuis le début du conflit le 15 avril, les chrétiens du Soudan subissent des attaques à répétition. Le 14 mai, des individus armés, non identifiés, ont pénétré dans une église copte et blessé plusieurs croyants près de la capitale Khartoum. Un peu plus tôt, une église évangélique presbytérienne avait été endommagée par des roquettes visant un marché à proximité. Signe de la gravité de la situation, la France, les Etats-Unis ou encore la Chine ont rapidement évacué leurs ressortissants.
Retour de la charia
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A l’heure actuelle, on dénombre plus de 1800 morts. Les combats opposent l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire proche de l’ancien président Omar el-Béchir, désireux de retrouver le pouvoir qu’il a occupé durant trente ans. Un mouvement populaire l’avait en effet renversé en avril 2019. Son départ avait laissé naître l’espoir de plus de démocratie et de plus de liberté religieuse pour les chrétiens, déjà fortement persécutés. Les espoirs se sont envolés avec le coup d’Etat d’octobre 2021. Dès lors, la menace du retour d’une dictature militaire plane sur le pays. Et, avec elle, le retour d’une application stricte de la charia. «Les chrétiens craignent que les islamistes tirent profit de cette crise», analyse, pour Portes Ouvertes, Fikiru Mehari (pseudonyme). «Cette guerre est une occasion offerte aux extrémistes islamiques de reprendre le pouvoir et de dire: “Vous voyez, la démocratie ne fonctionne pas, retournons à la charia”», déplore ce spécialiste de l’Afrique de l’Est.
Un temps propice pour le partage de l’évangile
Face à cette inquiétude grandissante, certainement encore plus importante que sous le régime d’Omar el-Béchir, plusieurs chrétiens ont choisi de fuir. Certains ont ainsi trouvé refuge au Soudan du Sud, où vivent beaucoup plus de chrétiens. Paradoxalement, c’est aussi le pays que certains ont fui en 2014 lors de la guerre civile. Le sud, séparé depuis 2011 d’avec la partie nord, est aujourd’hui une terre d’asile confrontée à une crise humanitaire. Selon un rapport de l’ONG World Vision, publié fin mars, un Soudanais sur trois aura besoin d’aide humanitaire en 2023. Les besoins ne font donc que s’accroître dans la région.
Malgré la guerre et les milliers de morts, certains veulent garder espoir d’un avenir meilleur.
C’est le cas de David Fugoyo Baime, membre du Conseil de The Gospel Coalition Africa. «Rappelez-vous que dans le livre des Actes, l’Eglise a été persécutée après la mort d’Etienne. La Bible dit que ceux qui étaient dispersés allaient prêcher l’Evangile», commente le responsable Afrique de l’union internationale des Eglises évangéliques de tradition réformée. Il complète: «Les réfugiés soudanais savent que le moment est peut-être venu pour eux, malgré les difficultés, de prêcher l’Evangile. Ils ont déjà parlé hardiment de leur foi.»
