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Ils sont 330 000

Des rangées de bancs à l'intérieur d'une église silencieuse avec des passants venant de la sortie
© iStock
Le chiffre est terrifiant. 330 000 personnes auraient subi des abus sexuels au sein de l’Eglise catholique en France entre 1950 et 2020, selon les estimations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). L'édito de la rédaction.
David Métreau

Après les Etats-Unis, l’Australie, l’Allemagne et l’Irlande, c’est au tour de la France de faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs au sein de l’Eglise catholique. Et les chiffres sont effroyables; 330 000. 330 000 personnes encore vivantes auraient été abusées par des clercs, des religieux ou des laïcs en mission, alors qu’elles étaient mineures, de 1950 à 2020.

Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) rendu public début octobre est accablant. 1,2% des Français ayant fréquenté l’Eglise catholique dans leur enfance auraient été abusés en son sein, dont 0,82% par des clercs ou des religieux.

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Une tache indélébile

Pendant des décennies, ces violences ont été couvertes pour préserver l’image et la réputation de l’institution. Aujourd’hui, le château de cartes s’effondre. La tache sur l’aube blanche des prêtres est indélébile. Ces traces resteront longtemps dans l’histoire comme jadis l’Inquisition ou plus proche dans le temps, les compromissions de l’Eglise catholique romaine avec les régimes fascistes du 20e siècle.

Une donnée intéressante: plus de 80% de ces victimes ont plus de cinquante ans aujourd’hui et un tiers plus de 70 ans. C’est donc la génération post-1968 qui est la plus touchée. C’est celle qui a le plus tourné le dos aux valeurs chrétiennes. Les 50-64 ans sont en effet parmi les plus nombreux à estimer que le message du christianisme n’est plus d’actualité, selon un récent sondage Ifop. 

Rejet d’une institution pharisienne

En regardant dans le rétroviseur et au vu des chiffres de la Ciase, cela peut se comprendre. Ils ont rejeté une institution qu’ils estimaient sclérosée, hypocrite, pharisienne, qui couvrait les abus et était plus préoccupée par son propre fonctionnement, son pouvoir et sa crise des vocations que par le salut et la saine progression des fidèles. 

Loin de moi l’idée de tirer sur l’ambulance. Les protestants évangéliques ont aussi leurs casseroles et il serait illusoire et dangereux de croire que des violences sexuelles, abus spirituels et dérives financières n’ont pas lieu dans ces Eglises. Cette crise chez les catholiques doit servir d’avertissement. Ces dérives peuvent détourner toute une génération de la beauté de l’Evangile et entacher durablement l’image de l’Eglise. Alors laissons entrer la lumière.

David Métreau, rédacteur en chef

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Novembre 2021

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