Les Eglises évangéliques ne sont pas épargnées par le départ de certains membres. La sociologue Caroline Gachet vient de terminer une thèse sur le sujet, à l’Université de Lausanne. Elle met en évidence trois facteurs déclencheurs du processus de désaffiliation au milieu évangélique. Le premier, c’est le désaccord avec certains fondements évangéliques. Les déçus reprochent aux évangéliques un certain «exclusivisme de la croyance», voire une forme de «repli sur soi». Pour caricaturer: ne sont sauvés que les évangéliques, et les évangéliques ne se fréquentent qu’entre eux.
L’influence extérieure constitue le second facteur: ici, les désaffiliés confrontent leurs expériences vécues dans le monde avec les modèles proposés par les croyances évangéliques. C’est leur constat d’une inadéquation entre les deux qui joue dans leur décision de quitter leur Eglise évangélique. Enfin, le dernier facteur est le sentiment de ne plus être à sa place. Les personnes interrogées passeraient par une «crise de la foi», ne se reconnaissant plus ni dans la foi proclamée, ni dans le modèle à suivre.
Ces trois facteurs corroborent des critiques déjà formulées au monde évangélique. La nouveauté de l’étude résulte dans le fait que les désaffiliés interrogés ont grandi et évolué de façon durable dans le milieu évangélique. Deux précisions, cependant. D’une part, si Caroline Gachet n’analyse que dix-sept entretiens, c’est parce qu’elle se base sur l’étude Evangelical Identity Project, une enquête qualitative sur le milieu évangélique, lancée par l’Université de Lausanne en 2006 . D’autre part, la thésarde elle-même confesse que «l’analyse gagnerait en relief si elle tenait davantage compte de tout ce qui gravite autour des individus interrogés».

Célia Martinon

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – janvier 2014

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