L’histoire avait fait grand bruit dans le Jura suisse. Un incendie de ferme fatal pour une mère et ses deux fils. Un père qui n’est pas là au moment des faits, l’élément religieux (il est évangélique), la faillite d’un proche entrepreneur et enfin des liens avec le Québec: les suicides collectifs de l’Ordre du Temple Solaire avaient marqué la Suisse quatre ans plus tôt et, même si les similitudes entre les deux affaires étaient lointaines, l’amalgame a été fait.
Soupçonné dans un premier temps par la justice, épinglé dans plusieurs médias régionaux, le père de famille endeuillé perd dans la foulée sa réputation et son emploi: le conseil d’administration de l’institution sociale dans laquelle il travaille depuis cinq ans craint pour son image et le licencie. Il n’est pas jusqu’à la réaction de ses amis qui rappelle une autre histoire, biblique, celle de Job.
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«J’ai découvert la capacité des chrétiens à ne pas prendre position. Les journalistes qui ont écrit sur moi n’ont pris contact ni avec moi ni avec ma famille. Mais mon pasteur était là et des chrétiens d’ailleurs ont écrit aux rédactions pour s’indigner de mon traitement», confie Walter Finger, un quinquagénaire chaleureux et direct rencontré cet été, huit ans après les faits. L’amertume est absente de son propos. Il a été consolé. «Par Dieu, lequel m’a porté comme un père porte son enfant». Et d’insister: «Pas par ma nouvelle épouse». Interrogé sur son «frère d’infortune», le Job de l’Ancien Testament, il analyse: «Il était plus intègre que moi et il ignorait aussi complètement ce qui se jouait Là-haut.»