Comment la laïcité républicaine est-elle devenue «intégriste»?
La laïcité en France a toujours revêtu un aspect plus ou moins ambivalent. D’un côté, elle prône la liberté de conscience, l’autonomie respective du politique et du religieux, l’égalité des citoyens quelle que soit leur appartenance religieuse; de l’autre elle veut combattre le «cléricalisme», qui serait une intrusion de la religion aux dépens de ces différents idéaux. Heureusement, la loi de séparation de 1905 a favorisé ce que j’ai appelé un «pacte laïque» ou une «laïcité inclusive», respectant la liberté religieuse. Pourtant, depuis une quinzaine d’années, on assiste à un retour d’une certaine laïcité dite «républicaine» qui se crispe et devient parfois intolérante envers des minorités religieuses.
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Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord la chute du Mur de Berlin, puis les récents événements internationaux ont changé la donne politique et favorisé une idéalisation de la République (française), de la part de ceux qui auparavant idéalisaient les régimes socialistes. D’où une méfiance à la fois envers l’islam et envers les évangéliques considérés comme liés avec la droite fondamentaliste américaine. Dans les deux cas, on pense avoir affaire à des sortes de religions politiques.
La seconde raison est la crise de la croyance au progrès. Maintenant, les problèmes d’environnement, la peur de la globalisation/mondialisation, les dilemmes médicaux changent, là encore, la donne. Peut-être arrivons-nous à l’épuisement du projet des Lumières. Dans cette conjoncture, certains laïques n’acceptent pas les incertitudes du temps présent et se ferment aux questionnements d’aujourd’hui. Ils ont alors tendance à accuser les religions d’être le ferment de ce qu’ils croient être un tnouvel obscurantisme.