Avec la simplicité du pianiste au clair de lune
Vite, plus que quelques minutes avant la prochaine interruption. Je me suis engagée à lire la Bible en un an, mais je suis encore en retard. Bon, où en étais-je? Ah, oui: Luc 22. La dernière Pâque. Pourquoi est-ce que ça ne me fait ni chaud ni froid? Ding dong. Voilà mon élève de piano. Argh! Vivement les vacances!
– Bonjour!
– Alors, tu as trouvé du temps pour le piano cette semaine?
– Bien sûr. Vite fait, bien fait.
Ses cheveux en épis, ainsi que l’état de son pantalon noir et de sa chemise blanche, appuient ses dires. Il passe dans mon salon et s’assoit devant l’instrument, un piano à queue noir positionné devant une baie vitrée. Au-delà de celle-ci, des lys royaux ondulent en un camaïeu de blanc et de pourpre. Plus loin, un sentier de gravillons en marbre blanc serpente à travers une terre nue prête à voir germer un gazon.
Des sons commencent à émaner de la caisse de résonance. Plou-plouuuu-ploum. Plou-plou-plouuuuum
Et de ploum en ploum, le pauvre Clair de Lune de Debussy prend des allures de soirée fort orageuse. D’ailleurs, il s’agit plutôt de «variations sur le thème de» tant certaines altérations manquent à l’appel. Dès les notes finales, je m’exclame:
– En effet, je vois que c’était du «vite fait»!
– Dès qu’un passage était trop compliqué, je passais à la suite du morceau.
– Oui. Mais ta simplicité te coûte cher en qualité! Je te propose de revoir cette partition avec ce qu’il faut de temps et de soin.
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