Au Cap, un pasteur tente d’arrêter les violences des gangs
Le Cap-Occidental est la plus riche province sud-africaine. Sa capitale, Le Cap, est une ville portuaire stratégique pour les échanges commerciaux. Cette autre capitale parlementaire du pays, avec Pretoria, est un lieu touristique prisé. Mais au dos de la carte postale, le quotidien est autre: au Cap, les conflits entre gangs sont quotidiens. Au milieu de la violence, un pasteur travaille avec d’anciens criminels pour tenter d’apporter la paix. A Hanover Park, dans la banlieue du Cap, Craven Engel (photo) a fondé l’association Ceasefire (cessez-le-feu) en 2016.
D’anciens gangsters deviennent médiateurs
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Acteur pour la paix, le pasteur Craven Engel porte un nom prédestiné signifiant «ange» en afrikaans, l’une des langues du pays. Il est arrivé il y a une vingtaine d’années dans la plaine du Cap, où le taux de criminalité atteint des sommets. Avec 64 homicides pour 100 000 habitants, la ville se situait en 2021 loin devant les 37 homicides annuels de la plus grande cité sud-africaine, Johannesbourg. Loin aussi des 5,5 de New York et 1,2 de Paris.
Au Cap, les Américains et les Talibans s’affrontent, du moins des gangs captoniens se nommant ainsi. On en trouve d’autres comme les Fancy Boys, les Mongrels, ou les School Boys. Certains vastes gangs, tels les Américains, en chapeautent d’autres, plus petits. Il n’est pas rare que des balles perdues tuent des passants ou des gens chez eux.
Craven Engel a d’abord tenté de participer à la résolution des problèmes en proposant des soupes populaires, un soutien social, ou encore en tentant d’enrayer en amont le décrochage scolaire. En 2010, il a initié le programme Ceasefire en recrutant d’anciens gangsters comme médiateurs qui réunissent les parties en conflit pour déterminer l’origine des affrontements et des solutions. Malgré la perte des subventions municipales en 2019, d’anciens membres de gangs continuent à travailler bénévolement.
Parmi les causes de ces violences, il y a la pauvreté et le chômage dans un pays très inégalitaire. De plus la drogue et l’image virile du membre d’un gang permettent une reconnaissance sociale. «Nous avons une approche épidémiologique de la violence, que nous traitons comme des professionnels de santé publique», précise Craven Engel qui a fondé à douze kilomètres de Hanover Park un centre de désintoxication, Camp Joy, pour les membres de clans voulant changer de vie. Camp Joy leur permet d’apprendre un travail manuel. On dénombre actuellement plus de 130 gangs au Cap et 100 000 jeunes hommes et femmes impliqués dans ces conflits et trafics de drogue.