«Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni,» dit Jésus dans Matthieu 19, 6. Ce commandement est-il toujours d’actualité pour les chrétiens évangéliques? L’Eglise est-elle entraînée par la vague de banalisation du divorce dans la société, ou a-t-elle les ressources pour y résister?r

Un changement sociétal…

Depuis les années 1960, la vie de couple en Europe a changé de cadre. Alors que le mariage était la norme, avec 97% des Français vivant en couple en étant mariés en 1962, six enfants sur dix naissent maintenant hors mariage en France. «Le mariage est désormais un élément non systématique du parcours conjugal des personnes et il n’en est plus que rarement le premier jalon», analyse Arnaud Régnier-Loilier dans l’article «Un demi-siècle d’évolution du couple et de la famille en France. Panorama démographique», paru dans la revue Recherches familiales en 2023. La palette des unions s’est élargie, avec la chute des mariages compensée par l’engouement pour le Pacs, en plus des unions libres.

Le divorce est devenu une issue banale des mariages. En 2016, l’indicateur conjoncturel de divortialité (ICD) atteint 46,7%, c’est-à-dire que si les taux de dissolutions des unions à chaque année de mariage étaient appliqués aux mariages de l’année, ils auraient près d’une chance sur deux de se solder par un divorce. Situation semblable en Suisse, où les cantons francophones ont actuellement un ICD supérieur à la moyenne nationale: en 2022, Fribourg avait le taux le plus élevé avec 48,3%, devant les cantons de Genève (46,8%) de Neuchâtel (46,5%), et de Vaud (46,4%).

… et ecclésial