À la rencontre des prophètes contemporains
Qu’amène le prophétisme à l’Église locale?
Le don prophétique a toujours été reconnu dans les Églises issues de la Réforme, comme une contrepartie au ministère d’enseignement et de berger du pasteur, un rééquilibrage à son côté compatissant ou théorique. Dans la tradition réformée et évangélique classique, la prophétie a le plus souvent été assimilée à l’enseignement. Elle existe aussi d’une manière moins directement identifiable dans une prédication brûlante ou une réflexion pionnière. Dans les milieux pentecôtisants, on encourage son exercice sous sa forme directe.
Nos interlocuteurs affirment tous avoir reçu des oracles divins qui concernaient des nations entières, des catastrophes naturelles et de futurs présidents. Mais ils se défendent avec horreur d’être des devins. «J’aide les Églises à écouter la voix de Dieu», explique Pierre-Daniel Martin, ancien pasteur luthérien et figure de stabilité dans le milieu prophétique francophone. «Et j’instruis l’Église dans le discernement des temps présents. En lien avec Israël». Israël?: le leitmotiv est constant. Le Peuple juif est une horloge dans le compte à rebours vers la conclusion de l’Histoire humaine et rien de ce qui ne lui arrive n’est laissé au hasard.
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«Mon message est un message de repentance. Il n’est jamais séparé de la Bible. Et je donne aussi beaucoup de paroles individuelles. Un authentique prophète donnera des paroles précises», indique pour sa part Christian Pellone, par ailleurs physicien à Grenoble. Pour Luc Maroni, un des jeunes acteurs du courant prophétique et également pasteur, «la veine prophétique amène l’Église à sortir de son train-train».
Tous le disent solennellement?: le ministère prophétique est aussi utile qu’il est à risque. «Le pasteur rassemble, le prophète disperse», prévient Pierre-Daniel Martin qui ajoute?: «Une Église n’est pas appelée à recevoir plus de quatre ou cinq prophètes par année. Ça irait trop vite et elle ne pourrait plus gérer». Venir au secours d’Églises martyrisées par un mauvais prophétisme fait aussi partie de leurs mandats.
Christian Pellone évoque le genre de difficultés qu’il a rencontrées?: «Des Églises où je sentais que j’avais peu de liberté de m’exprimer. J’ai prêché la Parole, sans plus. Ou des Églises où les âmes appartenaient aux leaders de l’Église. Je leur en ai fait le reproche. Où des Églises où tel péché m’était révélé. Dans ce cas, je prenais les responsables à part.»
Pour sa part, Luc Maroni est sensible au trop beau rôle qu’il avait parfois?: «Des personnes me disaient que je leur avais donné des paroles que leur pasteur ne leur avait jamais données. Si j’étais leur pasteur au quotidien, je perdrais mon aura de star.»
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