La paix à Gaza: avec une joie prudente
«Aujourd’hui, seuls les fanatiques ne se réjouissent pas.» Par ce court tweet, le 13 octobre, le géopolitologue et essayiste Frédéric Encel a salué la libération des derniers otages israéliens détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, en échange de prisonniers palestiniens. Il s’agissait de la première étape du plan pour la paix à Gaza présenté par Donald Trump et signé quatre jours plus tôt entre Israël et le Hamas, après deux ans de guerre.
Les vingt otages israéliens vivants restants ont ainsi pu être libérés lors de cérémonies mêlant explosions de joie et de larmes. En échange, près de 2000 prisonniers palestiniens ont été libérés, incluant 1716 Palestiniens de Gaza et 250 autres détenus pour des raisons de sécurité, dont certains condamnés pour attentats. Le même jour, le Hamas a annoncé un bilan de 67 869 personnes tuées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023.
Publicité
Donald Trump salue «l’aube d’un nouveau Moyen-Orient»
Le président des Etats-Unis savoure cet horizon de paix. Il s’agit pour lui des prémisses d’une paix durable au Moyen-Orient, «du jamais vu depuis 3000 ans». «Ce n’est pas seulement la fin de la guerre, mais d’une ère de terreur et de mort et le début d’une ère de foi, d’espérance, de Dieu. Le début d’une harmonie pour Israël. C’est l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient», a salué Donald Trump, ovationné devant la Knesset (Parlement israélien), ce même 13 octobre. Il s’est félicité d’avoir mis fin à huit guerres depuis le début de son nouveau mandat, en comptant ce conflit entre le Hamas et Israël, en bon chemin d’être réglé, selon lui, avec la libération des otages. «Tout le monde pensait que j’allais être brutal (…). Non moi, ce que je fais, c’est de mettre fin aux guerres», a-t-il assuré.
C’est le triomphe, tout le monde est content… Peut-être, comme le dit Frédéric Encel, qu’il n’y a que les fanatiques qui ne se réjouissent pas. Sans l’être pour autant, on pourrait cependant, tout en se réjouissant et saluant sincèrement l’avancée permise par Donald Trump, souhaiter prendre du recul et être un peu plus nuancé. Combien de litres de sang, de larmes, combien de morts, combien de deuils, combien d’horreurs pour en arriver là?
Entre espoir politique et discernement spirituel
Surtout, le 28 janvier 2020, Donald Trump présentait déjà le plan de paix entre Israéliens et Palestiniens comme «l’accord du siècle» annonciateur d’une ère de paix et de prospérité. Et le pogrom du 7 octobre et ses conséquences ont plongé la région dans l’horreur. Nul ne peut tout maîtriser. Il faut humblement le reconnaître. Dans les colonnes de Christianisme Aujourd’hui, Asher Intrater, du ministère messianique Revive Israel, avait alors discerné dans ce «deal du siècle» un «bien» temporaire qui pourrait mener à un «mal» plus grave. «Nous croyons qu’il n’y a pas de solution politique (au conflit israélo-palestinien), c’est la raison pour laquelle il n’y aura pas de paix définitive avant que Jésus ne revienne. Il existe de toute façon un facteur limitant aux efforts de paix en Terre Sainte, de nature eschatologique», avait-il assuré.
Même si ce «bien», est toujours à saluer, ces propos ne peuvent qu’être à méditer. Réjouissons-nous, certes, mais pas trop vite.
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Novembre 2025
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: