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Vivre une foi pertinente sous une autorité païenne

© Istockphoto
Peut-on s’épanouir dans sa foi et être un témoin de Christ même quand nos supérieurs ne sont pas chrétiens? En se basant sur le récit de Daniel et ses amis, Holger Wetjen nous encourage à quelques pistes de réflexion concrète. Parti pris.
Holger Wetjen

Julien est chrétien. Il travaille pour une banque. Son supérieur, le directeur de l’établissement Monsieur Claudius, martèle qu’il n’est lui-même pas chrétien. Les deux déjeunent ensemble. Monsieur Claudius fait une confidence à Julien: sa banque finance un foyer pour héberger des personnes sans domicile fixe. Il finance et soutient également une banque alimentaire au centre-ville. La conversation s’engage sur les questions d’économie sociale. Au cours de la discussion, Monsieur Claudius souligne que la direction d’une banque et la prospérité durable d’une entreprise ne sont pas une question de pouvoir, mais de responsabilité et qu’elles sont intrinsèquement liées à la bonté de toute l’équipe. Cela nécessite selon lui que le directeur et toute l’équipe aient un sens très fin de la justice.

Daniel défend sa foi

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Julien a de la chance: il s’entend bien avec son chef au-delà des différences de convictions. Il peut être chrétien et travailler pour un supérieur non chrétien. Mais que faire si, dans l’entreprise, ces points de convergence n’existent pas ou ne s’affirment pas tout de suite? Le livre de Daniel propose quelques pistes de réflexion. Il montre un prophète qui affirme sa foi mais sans chercher le conflit avec la religion de l’autre. «Daniel a un rôle de prophète, de porte-parole de Dieu», déclare Vincent Miéville, président de la commission synodale de l’UEEL et pasteur à Toulouse: «Daniel a l’intention de défendre sa foi, de faire la promotion de sa foi. Son conseil au roi Nabuchodonosor au chapitre 4, verset 23: “Ta royauté te sera rendue dès que tu auras reconnu que le Dieu du ciel est le maître” est une affirmation de ses croyances. Et dans son rôle politique, ça ne lui pose pas de problème de parler d’un Dieu puissant. Il n’est pas en train de se moquer ou de ridiculiser un dieu polythéiste. Mais il affirme que son Dieu, le Dieu Créateur, est un Dieu à reconnaître.»
Comme Julien qui travaille pour un chef non chrétien, Daniel est au service d’un païen, le roi de Babylone. Le roi Nabuchodonosor, polythéiste, choisit Daniel à cause de sa sagesse, sa connaissance et son discernement, avec trois autres habitants du royaume de Juda - Chadrac, Méchak et Abed-Négo - alors assiégé puis annexé par Nabuchodonosor. Le roi babylonien ordonne qu’on les instruise durant trois ans, ensuite ils entreront à son service. Dans la suite du livre, Daniel devient gouverneur de la province de Babylone, chef suprême des sages et conseiller à la cour royale. Dans sa vie et ses interactions avec des non-croyants ou des païens, Daniel agit avec droiture, sagesse et dans un esprit de paix.
Tout d’abord, lorsque Daniel perçoit un conflit entre un geste qu’on lui demande à la cour et la loi de Moïse offerte par Dieu, il reste fidèle à la loi et prend le courage de témoigner de sa foi quand il en parle aux polythéistes.
Ainsi, il prend la résolution de ne pas se rendre impur en consommant la nourriture et le vin de la table royale. Avec une même persévérance, Daniel refuse de s’incliner devant la statue d’or. Il continue de prier Dieu seul. Il ne le cache pas, au contraire. C’est à l’étage supérieur de sa maison à la cour royale qu’il ouvre les fenêtres orientées vers Jérusalem, trois fois par jour, il se met à genoux pour prier et louer Dieu. Son parcours n’est pas préservé de conflits. Mais sa confiance en Dieu lui permet de les gérer.

Humilité et sagesse

Daniel est dans la proposition et l’arrangement pacifique, notamment quand il propose au chef du personnel de le prendre à l’essai en lui donnant uniquement des légumes et de l’eau. De manière générale, Daniel réfléchit de manière pratique et favorise la démonstration humble, l’essai et l’expérimentation. Le chef leur trouve meilleure mine et ils ont gagné plus de poids que les autres. Puis le roi les trouve plus compétents que leurs pairs.
Malgré ses victoires, Daniel reste humble, notamment quand il explique au roi la signification du rêve de la statue (Dan. 2, 28-47). Daniel respecte l’autorité royale. Il est positif et encourageant: ses conseils marqueront les choix éthiques et sociaux de Nabuchodonosor. «Je lis dans le livre de Daniel des similitudes avec le livre des Proverbes», souligne Vincent Miéville, «avec une dimension universelle: l’idée de reconnaître ses erreurs, un conseil qui est de l’ordre de la sagesse et du bon sens. Daniel a un statut de conseiller: il répond à une demande, il ne s’impose pas.» Dans son intégrité, Daniel montre la juste attitude pour ceux qui ont à travailler dans un contexte interreligieux: privilégier la relation avec Dieu et cultiver un esprit paisible. 

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Février 2022

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