Violence conjugale: quelles avancées?
«Le pouvoir de la pandémie de l’ombre» est la métaphore empruntée par le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres, pour caractériser les violences faites aux femmes, lors de la 65e session en ligne du 15 au 26 mars. «Les rapports des différents pays ont confirmé l’augmentation des violences conjugales dans tous les pays», rapporte Valérie Duval-Poujol, membre de la délégation de l’Alliance Baptiste Mondiale et réprésentante de la Fédération des Eglises évangéliques baptistes de France (FEEBF); +70% en République centrafricaine, +40% en Allemagne, +30% en France. «Nous avons appris d’une récente étude britannique qu’une femme sur quatre, membre d’une Eglise, affirmait avoir vécu ou vivre une situation de violence conjugale dans sa relation actuelle. C’est dramatique mais cela confirme bien la réalité du terrain», explique la théologienne suite à un webinaire conduit par l’Alliance évangélique mondiale.
Création de nouveaux outils
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En France, le groupe de travail de la FEEBF sur les violences conjugales, nommé pour un mandat de trois ans, poursuit son engagement et présentera officiellement ses conclusions lors du prochain congrès virtuel de la fédération, le 13 mai. C’est en petit comité, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des femmes, que l’instance évangélique baptiste a partagé l’avancée de ses travaux lors d’une rencontre sur Zoom. Le pasteur et président de la FEEBF, Thierry Auguste, a présenté les différents nouveaux outils mis à disposition des Eglises. Ainsi, un hors-série paru l’automne dernier, une nouvelle page Internet ou encore une charte permettent de mieux faire comprendre les rouages des violences intra-familiales. 140 personnes, pasteurs et responsables d’Eglises ont participé à ce webinaire représentant une soixantaine de communautés locales baptistes.
Elles ne veulent plus qu’on parle d’elles sans elles
Se former et identifier les signes
«Il est vital de se dire que c’est ensemble qu’on lutte contre les violences conjugales», plaide Valérie Duval-Poujol, coprésidente du comité. Et pour cause, les participants portaient encore en mémoire le décès tragique d’une femme issue d’une Eglise évangélique de la région parisienne, trois ans plus tôt, assassinée par son mari. «Plus jamais ça! Il faut se former pour mieux identifier les signes.»
Le prochain congrès mettra officiellement fin à la première phase portée par le groupe de travail et évaluera les futures actions. «Mais nous avons déjà atteint certains de nos objectifs: en parler et briser les tabous», insiste la théologienne. Le lancement de formations régulières ouvertes à tous devrait être annoncé pour septembre. «L’une des maximes de la 65e session de la Commission de la condition de la femme (CSW65) des Nations Unies était: “Rien sur nous sans nous”», indique Valérie Duval-Poujol. «Les femmes ne veulent plus qu’on parle d’elles sans qu’elles puissent prendre la parole.»
Une rencontre internationale des femmes baptistes aura lieu le 7 juillet prochain. «Nous réfléchissons à la création d’une plateforme de ressources communes à décliner à l’échelle mondiale.»