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Une voix évangélique pour Gaza

© 2025 UNRWA Photo by Ashraf Amra
Tribune: «Face à l’horreur à Gaza, il est temps que l’Église évangélique francophone rompe le silence, se lève pour la justice et défende le peuple palestinien.»
Loïs Daval

Je ne suis pas géopoliticienne, ni historienne, ni même théologienne. Je suis disciple de Jésus, je connais et j’aime des Palestiniens. Cela fait bientôt deux ans que j’observe la situation de Gaza en refusant de détourner le regard. Récemment, j’ai été bouleversée par Christ In The Rubble: Faith, the Bible, and the Genocide in Gaza, (Christ dans les décombres: La foi, la Bible et le génocide à Gaza; éd. Eerdmans), publié il y a quelques mois par Munther Isaac, pasteur et théologien palestinien à Bethléhem et Beit Sahour. A ma connaissance, aucune voix ne s’est encore élevée en faveur du peuple Palestinien dans le monde évangélique francophone, alors, bien que tardive, voici la mienne.

Face à l’horreur

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Depuis des mois, Israël commet un génocide à l’encontre du peuple palestinien, en direct et sous les yeux du monde entier, en toute impunité, au mépris du droit international. Le 28 juillet, deux organisations de défense des droits humains israéliennes, B’tselem et Physicians for Human Rights Israel, l’ont reconnu, se joignant ainsi à de nombreuses voix telles que celle de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins sans frontières et bien d’autres.

Depuis des mois, Israël bombarde les maisons, les écoles, les hôpitaux, les tentes des réfugiés forcés de se déplacer. Des villes et des villages tels que Beit Hanoun au nord et Rafah au sud de la bande de Gaza ont été rasés. Depuis le 2 mars 2025, Israël bloque toute entrée d’aide humanitaire dans Gaza, provoquant intentionnellement une famine qui atteint aujourd’hui la phase 5 de l’IPC (indice des prix à la consommation), la plus catastrophique. Les familles sont en train de mourir de faim, vivant d’eau salée depuis des jours parce qu’il n’y a plus rien à manger. Les centres de distribution d’aide israélo-étatsuniens sont de véritables pièges où l’on meurt pour un sac de farine.

Depuis des mois, les journalistes palestiniens montrent au monde, au péril de leur vie, les blessés, les amputés, les gens coincés sous les décombres de leur maison, les morts. Ceux qui ont brulé vifs dans leur tente, ceux dont on a rassemblé les restes dans des sacs en plastique, ceux qui sont morts de faim, ceux qui ont été tués en allant chercher de quoi nourrir leur famille. Des hommes, des femmes, des secouristes, des soignants, des journalistes, des enfants, des musulmans et des chrétiens, des êtres humains, qui avaient tous un nom, une famille, une histoire, des rêves et dont la vie avait autant de valeur que la nôtre parce qu’ils étaient, comme nous, porteurs de l’image de Dieu (Genèse 1, 27). A ce jour, on compte plus de 58’000 Gazaouis tués, parmi lesquels plus de 15’000 enfants.

Nous sommes coupables

Le silence est devenu assourdissant. Le silence du monde, le silence de l’Occident, avec ses grandes idées mais ses doubles standards, le silence de l’Eglise occidentale. Le silence et souvent même pire, le soutien aveugle et inconditionnel à Israël et au sionisme, l’ignorance et la justification du génocide en cours.

En tant que civilisation, en tant que nation, en tant qu’Eglise occidentale, si nous soutenons Israël et restons silencieux, nous sommes collectivement coupables de grandes fautes. Nous avons ignoré les souffrances du peuple palestinien qui vit sous l’oppression de l’occupation et de l’apartheid depuis 75 ans. Nous avons ignoré la réalité du blocus de Gaza depuis 17 ans, oubliant que c’était l’enfer dans l’enclave bien avant le 7 octobre. Nous sommes coupables de racisme, puisque de toute évidence une vie et même des milliers de vies arabes comptent nettement moins pour nous que des vies israéliennes. Nous sommes complices, puisque depuis des mois et des mois, nous n’avons rien dit.

Qui parmi nous a soif de justice?

Pourtant, nous croyons que Dieu est encore Dieu. Nous croyons que Jésus est vivant, qu’il est Seigneur et qu’il règne. Déjà, il a vaincu le mal et la mort. Et il va guérir le monde. Il a donné sa vie pour cela. Déjà, il sauve des hommes, des femmes et des enfants et les rend capables d’aimer comme lui, il aime. Et il compte sur eux pour commencer à guérir le monde et à se battre pour la justice et pour la paix.

Alors où sommes-nous? Pourquoi l’Eglise occidentale n’est-elle pas la première à dénoncer les injustices et les crimes contre l’humanité? A appeler à un cessez-le-feu durable? Pourquoi ne demande-t-elle pas l’ouverture des frontières pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire dont les Gazaouis ont si désespérément besoin? Pourquoi ne demande-t-elle pas la fin de l’occupation et du régime d’apartheid imposés par Israël? Pourquoi ne sommes-nous pas à l’initiative de plus d’actes de solidarité? Pourquoi ne sommes-nous pas en train de plaider la cause des plus faibles, de ceux qui ont faim, qui souffrent et qui sont opprimés, de ceux auxquels Celui que nous prétendons suivre et aimer s’est identifié?

Vraiment, je vous l’assure, chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait. (…) Vraiment, je vous l’assure, chaque fois que vous n’avez pas fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous avez manqué de le faire.

Jésus, dans Matthieu 25, 40 et 45

Que Dieu nous pardonne, ouvre nos yeux et nos cœurs, et nous donne le courage de parler et d’agir!

Loïs Daval

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