«Une flamme en moi…» : l’édito du mois de février

«Feu du fondeur, je n’ai qu’un désir…», «Viens embrase-nous, sois le feu qui me guérit…», «O feu qui dévore, baptise-moi encore…», «Que le roi de mon cœur soit le feu dans mes veines…», «Saint-Esprit, qui donne vie, ranime en moi ce feu pour toi…» – en connaissez-vous d’autres encore, de ces chants de louange par lesquels nous invoquons un certain «feu» venu du ciel, censé nous purifier, nous raviver ou, parfois, nous dévorer?
Dans l’Ancien Testament, le feu est tantôt symbole de punition, de jugement divin ou de présence glorieuse de Dieu, mais dans le Nouveau Testament, il s’apparente à la transformation intérieure et à la purification, voire à l’activation du Saint-Esprit en nous.
En-dehors de nos temps de louange, en ce moment, le feu est sur toutes les lèvres. Ou plutôt, sa cessation. Après quinze mois de guerre dans la bande de Gaza, on a vu le 19 janvier les premiers échanges d’otages et de prisonniers convenus par un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. Qui dit cessez-le-feu ne dit pas paix, ni réconciliation, ni solution durable, mais pour le moment, le feu a cessé. «Cessez-le-feu» a d’ailleurs été choisi comme «mot de l’année 2024» par l’Université zurichoise des sciences appliquées. De l’autre côté de l’océan, à Los Angeles, on crie aussi au cessez-le-feu, mais de façon plus littérale. Un cri poussé contre la nature, contre le vent et ces feux de forêt qui n’en finissent pas de ravager foyers, villages et communautés.
D’un côté donc nous nous retrouvons entre les quatre murs de nos Eglises, à implorer Dieu de nous envoyer son feu dévorant et ce, «sans cesse» depuis l’événement de la Pentecôte, pendant qu’en dehors de nos murs, ça appelle désespérément aux cessez-le-feu sur tous les fronts.
Et si, nourrir un feu avait le pouvoir d’en éteindre un autre? Ce feu du fondeur qui nous transforme, une fois reçu, nous pousse en-dehors de nos murs, et nous donne la force nécessaire de contribuer aux cessez-le-feu demandés par notre monde. En fait, et c’est là une invitation à l’action pour nous tous, s’il brûlait réellement en nous et faisait son œuvre transformatrice, purificatrice, peut-être qu’on constaterait moins d’appels au cessez-le-feu autour de nous. Moins de guerres, moins de Création en souffrance, moins de situations désespérées.
Le théologien John Stott écrivait: «Le monde court à sa perte, disons-nous en haussant les épaules. Mais à qui la faute? Qui est responsable? Permettez-moi de l’exprimer ainsi: si la maison est plongée dans l’obscurité à la tombée de la nuit, il ne sert à rien de blâmer la maison; c’est ce qui arrive quand le soleil se couche. La question à se poser est: “Où est la lumière?” De même, si la viande se gâte et devient immangeable, il ne sert à rien de blâmer la viande; c’est ce qui se produit quand les bactéries sont libres de proliférer. La question à poser est: “Où est le sel?” Ainsi, si la société se détériore et que ses normes déclinent au point de ressembler à une nuit sombre ou à un poisson puant, il ne sert à rien de blâmer la société; c’est ce qui arrive quand des hommes et des femmes déchus sont livrés à eux-mêmes et que l’égoïsme humain est laissé sans contrôle. La question à poser est: “Où est l’Eglise? Pourquoi le sel et la lumière de Jésus-Christ ne pénètrent-ils pas et ne transforment-ils pas notre société?”»
Aussi allons, et que le feu sans cesse nourri en nous nous fasse mieux cesser les feux autour de nous. «Ma petite lumière, je la ferai briller…»

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Février 2025
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