Une fête reportée (Pierre-Yves Zwahlen)

Chaque mois, Pierre-Yves Zwahlen donne vie à un personnage biblique. Retrouvez lequel!

Pierre-Yves Zwahlen 8 Mar 2012

– Alors, ça te plaît ?
– Euh, je ne sais pas trop quoi dire…
– Quoi ? Ne me dis pas que tu es déçu ! Tu serais bien le premier !
– Non, non, pas du tout ! Je ne suis pas déçu, au contraire ! Mais, je…
– En fait, si je comprends bien, tu restes sans voix…
– Oui, c’est ça… Il faut que je m’habitue. C’est juste que tout ça, c’est tellement incroyable ! Je ne m’attendais pas à un tel faste, à une telle beauté, à une telle abondance !
– Et attends, ce que tu vois là, c’est juste l’apéritif. La vraie fête, c’est pour plus tard, quand les invités seront arrivés.
– Les invités, mais je croyais que tous ces gens…
– Non, eux ce sont tes intimes. Ta famille, tes amis proches. Mais il y a tous les autres, tous ceux que tu ne connais pas encore mais qui brûlent de te rencontrer. Tu es très populaire, tu sais !
– Populaire, moi ? Mais personne ne me connaît ! Je viens d’un trou perdu dans la banlieue de Jérusalem.
– Oui, mais tu as deux sœurs… jolies, dit-on !
– Quoi ? Je suis célèbre à cause de mes sœurs !
– Non, rassure-toi, je plaisantais ! Tu fais partie du Royaume, maintenant. Tout le monde est ami, ici. Après la fête de bienvenue, je te montrerai ta maison, tu feras connaissance avec tes nouveaux voisins…
– Une maison, rien que pour moi ?
– Oui, une maison luxueuse avec plein de gens qui t’aiment. Mais le plus important, c’est sa présence à lui. Pouvoir être avec lui tous les jours, l’écouter, contempler sa gloire… C’est ça, le paradis ! D’ailleurs, le voilà. On dirait qu’il veut te parler ! Je vous laisse.
– Lazare, tu as une minute ?
– Seigneur, je ne sais que dire… je ne mérite pas tant de splendeur et de beauté !
– Tu es l’ami de mon fils, Lazare. C’est à lui que tu dois d’être ici, c’est un cadeau de sa grâce. Mais…
– Qu’est ce qui se passe, il y a un problème ?
– Oui, un petit problème… Il va falloir être un peu patient. On va remettre la fête de bienvenue à plus tard.
– A plus tard ! Mais, pourquoi ?
– Mon fils te réclame, Lazare. Il a besoin de toi… Il va falloir que tu y retournes. Je suis désolé. Mais ne sois pas trop triste, ce n’est que partie remise !