Skip to content

Un chrétien pieux n’a pas internet

J’ai rendu visite un ami chrétien. Très chrétien, même, puisqu’il dit avoir lu la Bible en entier plus de quarante fois : de quoi culpabiliser tous ceux qui, même avec un programme de lecture sur six ans, ne parviennent pas à tenir le rythme. Il me reproche d’écouter des musiques de…
Hugues Not

J’ai rendu visite un ami chrétien. Très chrétien, même, puisqu’il dit avoir lu la Bible en entier plus de quarante fois : de quoi culpabiliser tous ceux qui, même avec un programme de lecture sur six ans, ne parviennent pas à tenir le rythme. Il me reproche d’écouter des musiques de variétés, là où lui n’écoute que de la musique chrétienne qui, naturellement, édifie l’âme et la protège de toute corruption mondaine. Et quand nous parlons de nos lectures, il s’inquiète que je puisse apprécier -comme tout le monde- Marc Lévy et Guillaume Musso, qu’il ne connaît pas. Il est vrai que sa bibliothèque ressemble aux catalogues de la CLC et de la Maison de la Bible. Chez lui, pas de télévision ni d’internet : ce ne sont que des instruments malsains et mal-saints. D’une spiritualité exemplaire, il me parle de Jésus comme de son ami fidèle et tendre, le Roi des rois, son ancre, sa voile…
Après cette visite édifiante, je me suis demandé si j’étais encore un bon chrétien, moi qui accepte tant de compromis culturels au détriment d’exclusivités cultuelles. Puis je me suis posé une autre question : que sont une musique chrétienne et un livre chrétien ? Si je m’en tiens aux définitions normales, une musique chrétienne serait une musique qui a donné son cœur à Jésus-Christ et le reconnaît comme son Sauveur personnel. Elle ne ferait acception d’aucune note, blanche ou noire, et placerait chacune au même niveau. Ce serait une musique à la portée de tous, qui passerait de la clé de sol aux clés du Royaume. Pure et sainte, elle ne pourrait être jouée que sur des instruments chrétiens, fabriqués avec des matériaux chrétiens, surtout pas importés de Chine.
Les livres chrétiens devraient être imprimés sur du papier vierge de toute corruption (attention au recyclé qui pourrait transmettre des traces de mal) chez un imprimeur chrétien, qui s’engage à ne mettre sous presse que des messages divins. Chaque mot édité devrait être intègre, converti et n’être utilisé que pour témoigner de la Bonne Nouvelle. Et pourtant ! Je me suis rendu compte que dans ma bibliothèque figuraient côte à côte La révélation des origines et Le mec de la tombe d’à côté (qu’Henri Blocher me pardonne !). Et pourtant, le meuble résiste à mes errements littéraires et les livres ne se détestent pas au point de changer de rayon. Serait-ce un signe ? Des ouvrages peuvent-ils cohabiter malgré les idées contradictoires qu’ils véhiculent ? Mon ami, chrétien professionnel, aurait-il quelques torts et moi quelques raisons ? Et réciproquement ! Dois-je mettre de l’ordre dans ma bibliothèque et dans ma vie ?
J’aimerais être non seulement un bon chrétien, mais aussi un bon évangéliste. Tiens ! En parlant d’évangéliste, je me souviens soudain de l’un d’eux, un Alsacien qui aimait à dire : «Il y a des chrétiens qui sont pieux, mais tellement pieux, qu’on pourrait en faire des clôtures !»

Hugues Not

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – octobre 2012

Thèmes liés:

Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes:

Créer un compte gratuitement

Et profitez gratuitement de l'accès aux articles web réservés aux abonnés pendant 14 jours.

Publicité