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Toute la vie est formation biblique

© Istockphoto
Durant toute sa vie, le chrétien est appelé à interpréter et faire vivre le texte biblique.
Holger Wetjen

Je me trouve dans une auberge à Colomiers, en France. Depuis quelques jours, Samuel, jeune doctorant en psychologie à Toulouse, fréquente l’espace commun et rassemble autour de lui un cercle d’étudiants pour donner son enseignement. Un soir, sa leçon traite de la beauté de la religion et c’est dans cette soirée-là qu’il exprime son estime du protestantisme. On fait connaissance. La conversation se concentre sur le nom de la ville. «Colomiers», explique Samuel, «signifie ville de la paix. Elle porte le nom de la colombe, symbole du Saint-Esprit.» Son explication a quelque chose d’apaisant.

Quand mon vécu fait écho aux récits bibliques

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Après ce bref échange, je retourne dans ma chambre et reprends ma lecture biblique: Genèse 28, 12-22. Jacob est sur sa route vers Haran. Durant la nuit, il rêve. Une échelle est dressée sur la terre et son sommet atteint le ciel. Des anges de Dieu montent et descendent. Dieu se tient devant lui. Et c’est là que je commence à faire des liens entre mon vécu et ma lecture biblique. Dans mon interprétation, Colomiers devient ainsi la porte du ciel. Je suis en train de vivre et de reproduire ce que Jacob a vécu sur sa route vers Haran. Et je comprends deux choses: d’abord, que l’explication de Samuel m’a certes apaisé, mais, si je suis honnête, elle m’a aussi fait peur! Si Colomiers est la ville de la colombe, cela veut dire que mon séjour ici n’est pas le fruit d’un hasard. Je me découvre en tant que patriarche moderne.

Comme les liens que j’ai faits entre ma conversation sur le nom de la ville et ma lecture biblique, pour la formation biblique, nos expériences de vie offrent des milliers de clés de lecture pour la Bible. La formation biblique ne se cantonne pas à un lieu ou à une durée dans le temps. Les cours en institution, la formation des prédicateurs laïcs et les études bibliques en Eglise devraient permettre que chaque étudiant ou participant se demande: récemment, qu’est-ce que j’ai vécu qui ressemble à un récit biblique? Quel est le propos, l’image, le personnage qui fait le lien entre mon vécu et le texte?

La formation biblique intègre nos vies

Dans mon exemple, c’est Samuel qui explique que Colomiers est la ville de la colombe. En comparant ensuite son explication à ma lecture biblique, je réalise que ma réaction de peur est identique à celle de Jacob. Je peux me demander: sachant cela, qu’est-ce que je comprends plus clairement?

La formation biblique donne une méthode, elle développe une doctrine, c’est-à-dire qu’elle explicite les convictions partagées dans la communauté et forge ainsi l’identité de l’Eglise. Ensuite, le cours biblique propose aux étudiants un appareil critique. Mais pour que la Parole de Dieu soit vivante, pour qu’elle nous transforme, nous sommes invités à identifier notre histoire avec celles des patriarches. Nous les chrétiens, nous devons rester conscients que notre situation quotidienne dépasse et perturbe toujours la formation biblique, parce que la vie échappe à la méthode. Donc la formation biblique doit généreusement accueillir et intégrer nos histoires de vie.

Jacob prend la pierre qui était sous sa tête, la dresse et verse de l’huile sur son sommet. Il définit ainsi un sens missionnaire à l’endroit. Il nous apprend ainsi à désigner, dans une situation chaotique, nos compagnons, nos outils et nos repères, pour nous calmer et organiser sereinement notre mission.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mai 2023

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