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Sur le chemin de Damas

© GettyImages
L'édito de l'édition de janvier 2025
Maude Burkhalter

Le 8 décembre, la Syrie a connu un jour historique: la fin du règne de la famille el-Assad, qui aura duré cinquante-quatre ans. Dans la nuit, Bachar el-Assad a quitté Damas sous la pression des rebelles et s’est enfui en Russie. Et dans les jours qui ont suivi, le monde entier a découvert les terribles images des prisons souterraines et autres lieux d’horreur. Les Syriens vivent un moment qu’ils n’osaient plus espérer: leur géant est tombé. Ils sortent dans les rues, s’embrassent, pleurent et accourent à la rescousse de leurs bien-aimés – ceux pour qui il n’est pas trop tard. L’heure est à la joie, aux retrouvailles et à la fête. L’avenir reste pourtant incertain.

Quelques jours avant la chute du gouvernement el-Assad, une autre sorte de géant est tombé, à des milliers de kilomètres de là. A l’aube du 4 décembre, dans une rue de New York et dans des circonstances glaçantes, Brian Thompson, le PDG de UnitedHealth Group, a été abattu de sang-froid. Un jeune Italo-Etasunien de vingt-six ans est à ce jour le principal suspect et a été arrêté après quelques jours de cavale. Rapidement, l’information s’élève en spectacle polémique: il devient un véritable héros national, que beaucoup saluent pour son geste de Robin des bois des temps modernes. Ce jeune homme issu d’un milieu aisé dont la voie semblait toute tracée ôte la vie d’un individu bien choisi pour lever le rideau sur un système de santé étasunien profondément inégalitaire.

D’un côté comme de l’autre, des géants tombent – toutes proportions gardées – et les opprimés sortent de l’ombre. L’on voudrait pouvoir se réjouir de la chute de fortunes, de systèmes et de régimes bâtis sur le dos des plus faibles et pourtant, impossible de fêter complètement la victoire d’un groupe islamiste radical, et impossible aussi d’approuver un cruel assassinat, aussi «glorieux» l’un et l’autre puissent-ils paraître.

Dans les deux cas et dans tous les cas de tous les temps, le constat est clair: pour résoudre nos conflits, pour rectifier nos injustices et pour faire entendre la voix des plus faibles, nous avons besoin d’un chemin alternatif. D’une meilleure solution, à la fois pour les vulnérables comme pour les oppresseurs. Alors qu’il se rendait justement à Damas pour accomplir ce qui lui semblait être divinement inspiré, l’apôtre Paul se fait interrompre en chemin par Jésus lui-même. «Que veux-tu que je fasse, Seigneur?» (Act. 9, 6) demande-t-il, soudainement conscient de son besoin d’un chemin alternatif. Puisse cette question nous inspirer. En cette année 2025, Seigneur, que veux-tu que nous fassions?

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Janvier 2025

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