Comment peut être décrit le phénomène religieux en France en 2021? 

Actuellement, le religieux est dans tous ses états. On pensait en avoir fini avec le fait religieux sous la poussée d’une modernité triomphante mais il n’en est rien, bien qu’il y ait une augmentation des personnes sans religion. Plus de modernité ne signifie pas moins de religieux, mais un religieux autrement. Il y a une recomposition de la place du religieux dans la société. Aujourd’hui, le religieux a perdu son pouvoir sur la société et sur les individus. On a affaire à un affaiblissement social de l’encadrement institutionnel du religieux. En même temps, le religieux prospère: il y a de la religiosité flottante et une plus grande diversification dans la façon d’être religieux, y compris à l’intérieur même de chaque religion.

Quel regard est porté sur le religieux aujourd’hui? 

Parce que de plus en plus de personnes n’ont aucune formation religieuse, le religieux devient pour elles un phénomène étrange, incompréhensible. A partir de là, certains ont une propension à le percevoir comme une arriération mentale et associent religion à fanatisme et intolérance. D’autant plus que les médias montrent régulièrement des scènes de violences religieuses. On voit ainsi actuellement en France un certain retour du laïcisme et un sentiment de supériorité culturelle des personnes sans religion vis-à-vis de celles pratiquant une religion. Or la neutralité laïque n’implique pas une option préférentielle pour l’incroyance mais un égal respect des croyants comme des incroyants.

Etre chrétien en 2021 demande donc des convictions plus fortes?