Résistons à la mode
Nos vies sont remplies de paradoxes, et nos attitudes imprégnées de choses étonnantes parviennent même à dicter des comportements. Au niveau de l’art, par exemple, l’Eglise est touchée par le phénomène des modes qui, paradoxalement, produit un résultat opposé à ce que nous pourrions escompter. L’Eglise se retrouve ainsi conditionnée et sclérosée sur la question de la création artistique. La conséquence n’est pas la révélation de véritables artistes, mais la production de phénomènes éphémères, souvent marionnettes d’un système où seuls comptent l’argent et la rentabilité. Hélas, le monde évangélique est extrêmement sensible à cette pratique, dont le résultat est un appauvrissement flagrant de l’art. Il se produit une sorte d’uniformisation de la création pour pouvoir être reconnu, vendre un peu, et avoir l’impression d’être dans le coup! Mais alors, comment puis-je être véritablement libre pour développer mon potentiel artistique et créatif si je dois me conformer à un style, à une mode et finalement à un travail commandé d’avance?
Cette parole de l’apôtre Paul me revient à l’esprit: «Ne suivez pas les coutumes du monde où nous vivons, mais laissez Dieu vous transformer en vous donnant une intelligence nouvelle» (Rom. 12, 2). Ce verset s’inscrit dans un contexte où l’accent est mis sur l’importance des dons reçus et leur nécessaire complémentarité. Nous avons besoin d’entendre ce rappel que la vigilance est indispensable face à la tentation d’uniformisation qui veut nous imposer ce qui est bon et bien et ne donner place qu’à «ce qui marche», qu’à ce que «les gens aiment», soi-disant… Tout cela ne permet pas à la liberté de s’exprimer, à la créativité de se manifester, à l’artiste d’être ce que Dieu veut dire et faire, en et au travers de lui.
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – février 2013
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