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Rencontre authentique

David Métreau rédacteur en chef
© Shubham Shri
L'édito de l'édition de janvier 2022.
David Métreau

La sécularisation des sociétés d’une part et la persécution d’autre part font plus pour l’unité des chrétiens dans le monde que moult réunions institutionnelles et mouvements œcuméniques formels. Etre minoritaire et/ou persécuté, cela rapproche. Une observation qui est particulièrement vraie dans le premier cas, qui concerne surtout l’Occident. Lorsque la société tourne le dos aux valeurs chrétiennes, l’écart entre ceux qui se réclament de Jésus-Christ et leurs contemporains est plus important que l’écart entre les différentes confessions chrétiennes. Du moins en théorie. D’où un rapprochement naturel, organique. La tendance risque de se poursuivre à mesure que la chrétienté, du moins dans son acception culturelle, décline.

Si on examine cette proximité nouvelle à la loupe, les évangéliques se sont rapprochés entre eux. Les réconciliations respectives ont donné lieu au Réseau évangélique suisse (RES) et au Conseil national des évangéliques de France (CNEF), pour ne citer qu’eux. Je me permets d’ouvrir une parenthèse et prêcher pour ma chapelle: une publication comme le Christianisme Aujourd’hui a peut-être modestement apporté sa pierre à l’édifice de la réconciliation en donnant la parole conjointement à ceux qui jadis s’ignoraient. D’où l’importance de l’indépendance et de la non-affiliation dénominationnelle d’Alliance Presse. Poursuivons. Les évangéliques se sont progressivement rapprochés des catholiques. Les catholiques devenus moins dominants voire minoritaires dans leurs pays ou cantons, sont descendus de leur piédestal et ont pris conscience de la vitalité des mouvements évangéliques tandis que les évangéliques ont sorti la tête hors des palissades de leur ghetto. Un certain alignement sur des valeurs sociétales a sûrement aidé à ce rapprochement.

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A l’inverse, c’est sur ces questions éthiques (et théologiques) que se situe la cicatrice régulièrement remise à vif entre les évangéliques et les réformés (et luthériens aussi). Peut-être est-il temps pour évangéliques comme réformés de mettre en sourdine - au moins pour un moment - ce qui divise (et cela est légitime!) pour non pas l’unité stérile mais la rencontre authentique. Une rencontre qui sans nier les désaccords permet aux protestants de s’entraider face aux défis communs. Puisse votre magazine (modestement) servir aussi à cela.

Bonne année 2022!

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Janvier 2022

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