Ravitaillement volant (Pierre-Yves Zwahlen)
Est-ce que l’on s’habitue à vivre de cette manière? J’avoue que je n’en sais rien! Il y a maintenant des semaines que je suis ici, et ma vie me paraît toujours aussi étrange et dangereuse. Le souci, pour ne pas dire la peur du lendemain, me pompe une énergie incroyable. Oh! bien sûr, les choses sont moins compliquées que quand je suis arrivé. Moins spartiates, aussi. Au commencement, je n’avais rien du tout. C’était le dénuement total. Et puis, peu à peu, j’ai récupéré du bois, des herbes sèches pour me faire un lit, même une toile qui volait dans le vent là-bas dans la plaine. J’ai longtemps hésité à sortir de ma cachette pour courir m’en emparer. Finalement, le besoin de confort l’a emporté sur ma peur. Ce morceau d’étoffe tout mité et sale était un trésor inestimable. C’était l’assurance d’un peu d’ombre aux heures les plus chaudes de midi, l’illusion d’un abri. Un peu d’humanité, en somme.
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