Skip to content

Raphaël Charrier: retour aux bases de la foi chrétienne

© Istockphoto - DR
Raphaël Charrier (photo en médaillon), pasteur à Grenoble et bloggeur sur le site ToutPourSaGloire est auteur de «Vivre pour Jésus» (Ed. BLF), s’adressant aux croyants qui stagnent dans leur marche chrétienne. Entretien.
David Métreau

Comment en êtes-vous venu à écrire ce livre «Vivre pour Jésus», qui, selon vos propres mots, s’adresse aux chrétiens qui pourraient «gâcher les plus belles années de leur vie»?

Mon parcours est assez lié à ce livre. Quand je suis venu à Christ, j’étais un gros consommateur de cannabis. J’étais très loin de Dieu et c’est vraiment la rencontre avec de jeunes chrétiens qui m’a interpellé sur leur façon de vivre. Selon moi, ils venaient d’une autre planète. Il y avait quelque chose de sain et de lumineux. Ils témoignaient de leur foi avec force. J’ai commencé à lire le livre de Matthieu et j’ai pris une énorme claque. J’ai découvert qui était Jésus - pas cette figure au visage émacié - et la rencontre a été un truc de dingue! J’ai compris que ce Jésus était si extraordinaire et que je ne pouvais rester dans l’état dans lequel j’étais. J’étais irrésistiblement attiré à lui.

Mais j’ai remarqué que les Eglises ne savent pas accompagner les personnes qui viennent de se convertir. Souvent, on transmet des connaissances au niveau doctrinal. Je me suis par exemple retrouvé à assister à des cours sur la transmission de la Bible à travers les siècles et les parchemins de Qumran, où l’enseignant ne devait lui-même pas comprendre la moitié de ce qu’il disait. Je lisais ma Bible en fumant des joints.

Publicité

Le livre que j’ai écrit pose par exemple des questions à propos du but de la vie chrétienne ou de la lutte contre le péché. Il est inspiré d’années d’accompagnement de personnes dans la foi. En effet, face à quelqu’un qui a cinquante ans, deux divorces et des années de vie derrière lui, il ne suffit pas d’expliquer la Trinité et de l’inviter au culte le dimanche matin.

Quelles autres ressources de théologie pratique existe-t-il pour les jeunes convertis?

Le livre de Ralph Shallis Si tu veux aller loin (éd. Farel) de 1973 a été une bénédiction pour beaucoup. Depuis cet ouvrage, il n’y a pas eu beaucoup d’auteurs francophones qui ont écrit pour faire comprendre aux jeunes convertis (et aux moins jeunes) les fondamentaux de la foi chrétienne. Il y avait besoin d’un nouveau livre qui puisse aider toute une génération. Il s’agit d’expliquer que le salut n’est pas seulement quelque chose pour le salut des péchés - bien sûr il comprend le pardon de nos fautes - mais il s’agit aussi de recevoir une vie nouvelle!

En quoi le contexte est-il aujourd’hui différent de celui de l’écriture de «Si tu veux aller loin»?

En quarante ans, la sécularisation a conduit à un véritable pluralisme dans notre société. Celui-ci présente des visions du monde éloignées de l’éthique et de la morale chrétiennes. En termes d’usage et de manière de vivre, l’arrivée du numérique a considérablement changé la donne. Ralph Shallis parlait du danger de l’arrivée de la télévision dans les foyers. Aujourd’hui, il s’agirait de se questionner sur la place de la distraction dans notre société.

Face à l’individualisation croissante, j’ai mis l’accent sur la vie d’Eglise qui ne figurait pas dans l’ouvrage de Ralph Shallis. J’ai aussi développé l’importance d’une vie intentionnelle vis-à-vis de nos responsabilités, de notre famille, de notre entreprise, de l’Eglise et surtout vis-à-vis de Dieu. Je développe l’importance de la piété personnelle; il ne s’agit pas seulement de lire la Bible tous les jours mais de la méditer. J’encourage à réfléchir à la gestion du temps libre et de l’argent, à la relation avec les personnes de sexe opposé, au travail et au témoignage au quotidien. Aujourd’hui, l’évangélisation passe davantage par le témoignage au quotidien

Vous avez précédemment évoqué la nécessité d’apprendre le but de la vie chrétienne, mais justement, quel est-il?

Le but de la vie chrétienne c’est d’apprendre à vivre pour celui qui nous a sauvé. La foi est une question de vie: «Le juste vivra par la foi» (Hab. 2, 4, Rom.1, 17). Notre vie appartient à celui qui nous a racheté: Jésus. Vivre en tant que chrétiens, c’est nous soumettre à lui. Les synonymes de «soumission» sont «obéissance» et «abondance».

L’obéissance n’est pas vraiment à la mode, au même titre que la discipline et la soumission…

Associé à la religion, c’est encore pire. Mais si on y réfléchit bien, à qui obéit-on? Au quotidien, toute personne suit des recommandations et des obligations envers la loi, le code de la route, sa famille, son travail, etc. On pourrait dire qu’on est tous disciples de quelque chose ou de quelqu’un. Etre disciple c’est faire allégeance à quelqu’un, mais à qui? Et pourquoi pas à celui qui est mort à la croix et qui nous appelle à vivre une vie semblable à la sienne? On découvre alors que notre vraie liberté est dans l’obéissance, qui conduit à l’abondance.

Dès lors, comment cheminer pour vivre pour Jésus?

La mission de l’Eglise n’est pas seulement l’évangélisation, mais de faire des disciples. Devenir disciple c’est écouter Jésus et découvrir qui il est. Derrière la dimension de disciple, il y a la notion d’apprentissage. La mission, c’est d’apprendre à vivre comme des disciples. Ainsi, le discipulat est une aventure relationnelle qui commence à la conversion et c’est la mission de l’Eglise de le faire. C’est une responsabilité communautaire mais qui va s’incarner par des personnes et dans des relations. Selon moi, un critère de maturité chrétienne, c’est quand par notre rôle et notre responsabilité, nous commençons à nous engager dans la vie des autres. Nous devons reproduire le modèle de Jésus: il a passé du temps avec ses disciples, leur a appris à prier, à méditer la Parole, etc.

Cela concerne donc tous les croyants et pas seulement les nouveaux convertis?

Tout à fait! S’il est important de poser les bons fondements dès le début de la vie chrétienne, il n’est jamais trop tard! Il n’y a pas de voies de garage pour Jésus. L’appel «suis-moi» est pour tous. Il est une vérité essentielle pour tout chrétien.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Octobre 2022

Thèmes liés:

Aide-nous à aider les plus pauvres

Cette prière marque la dernière contribution d’Isabelle Leseigneur, rédactrice régulière depuis plus de dix ans de Christianisme Aujourd’hui. Elle met fin à ses «soupirs» pour se concentrer sur d’autres projets. Nous la remercions chaleureusement pour…

Publicité