«Vous avez été envoyés par Dieu en mission en Suisse. Et vous êtes devenus Suisses. Repentez-vous! Le monde nous attire à lui. Il nous appelle à faire partie de lui. Avez-vous le courage de dire non?». L’appel à renoncer à l’amour du monde et à ses convoitises, ainsi qu’à s’engager pour «atteindre les perdus» lancé par le missionnaire indien Jossy Chacko a fait se lever la majorité des 1500 personnes rassemblées au Palais de Beaulieu de Lausanne. Les participants du congrès Pentecôte 2008 sont repartis chez eux comme après la première Pentecôte: avec mission de retrousser leurs manches et d’annoncer l’Évangile; et une exigence, celle de renoncer au confort bien helvétique et à faire des sacrifices pour voir du résultat.
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La part de Dieu et la part de l’homme
Deux orateurs de poids ont été invités pour exhorter les Romands. Sunday
Adelaya, missionnaire nigérian en Ukraine, est devenu pasteur de la plus grande Église d’Europe, à Kiev, avec plus de 25 000 membres et un réseau d’Églises de plus de 300 000 personnes depuis son arrivée en 1996. Jossy Chacko, fondateur et directeur d’Empart, est bien connu en Suisse, lui qui ambitionne de créer 100 000 Églises locales dans le Nord de l’Inde.
Ces deux chrétiens d’envergure ont fait leurs preuves sur le terrain de l’évangélisation, de la mission et de l’influence dans la société. Certes, ils ont parlé de la croissance de l’Église dans leur contexte respectif. Mais ils n’ont pas tu les sacrifices consentis. Et c’est peut-être là l’aspect le plus marquant de ce congrès. Dans un atelier réservé aux responsables, Sunday Adelaya déclarait que les parts humaine et surnaturelle dans la croissance d’une Église étaient de moitié-moitié. «La mission est grande. Ce sont les ouvriers qui manquent», indiquait-il notamment.
Si les chrétiens ne sont pas plus bouillants pour Dieu, «c’est parce que Satan a brisé leur courage. Il a réussi à leur faire croire que d’être chrétien n’était pas à la mode, que la foi était une affaire privée et qu’elle ne devait donc pas être partagée», a indiqué le Nigérian. Très admiratif de Jean Calvin ou d’Abraham Kuijper, il est persuadé que l’Église doit et peut influencer la culture, la politique, l’économie.
Les deux orateurs ont clairement appelé les chrétiens à sortir de leurs Églises : «Le réveil ne peut avoir lieu que lorsque les valeurs de l’Église sortent de l’Église», a-t-il ajouté. Ce pasteur enseigne et forme les membres de son Église à réfléchir et s’engager pour influencer la culture.

Prêts au sacrifice?
Après cette Pentecôte à Lausanne, la Suisse romande changera-t-elle ? Les chrétiens qui se sont levés consentiront-ils les sacrifices nécessaires pour être des ouvriers de la moisson ? Jossy Chacko, si convaincant sur l’estrade, confessait que ce sacrifice était pour lui un choix quotidien. Idem pour Sunday Adelaya. Ce dernier est néanmoins convaincu que le mouvement de reconstruction chrétienne qu’il vit en Ukraine peut se reproduire partout où les chrétiens font ce choix. Même en Suisse. Christian Willi
Dans la prochaine édition du Christianisme Aujourd’hui, découvrez l’interview de Sunday Adelaya

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Juin 2008

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Réactions nuancées des pasteurs

Lors d’un atelier pour responsables, Sunday Adelaya a développé dix critères de la croissance de l’Église, avant de répondre aux nombreuses questions. Les participants se sont dit enthousiasmés par la consécration du pasteur nigérian, moins par les méthodes qu’il a mises en avant. «Elles porteraient atteinte à la culture de collégialité si elles étaient transposées telles quelles en Suisse», estimait Jean-Paul Zürcher du Réseau Évangélique. «Elles ne sont pas nouvelles. Il faudrait juste les appliquer», observait pour sa part Olivier Fleury, coordinateur romand de Jeunesse en Mission.