Place des grands hommes, Bruel
Ce tube plein de nostalgie évoque avec beauté les thèmes de l’espoir et de l’amitié, en jetant un regard tendre sur les rêves brisés et les déceptions de la vie. Dix ans sont passés, et le chanteur s’interroge: «Qu’est-ce que j’ai fait de ces années?»
Une question d’apparence contradictoire sert d’ancrage au cœur du texte: «T’as pas changé, qu’est-ce que tu deviens?» Cette remarque paraît banale, expression à haute voix du malaise de personnes qui se connaissaient mais ne se connaissent plus. Mais au-delà de sa banalité, cette question exprime une des grandes perplexités de la vie. En effet, «devenir» implique un changement de fait. Après dix ans, tout le monde a changé, car chacun est devenu «autre». Pascale, se marre-t-elle toujours pour rien? Marco est-il heureux? La belle Séverine, a-t-elle fait autre chose que des enfants? Marion, est-elle devenue médecin? Autant de questions sans réponse, mais qui interrogent sur le sens de la vie.
De telles interrogations pourraient faire peur. Ces amis qui se retrouvent dix ans plus tard, vont-ils se juger réciproquement? Ceux qui ont réussi vont-ils susciter la jalousie de ceux dont «les tempêtes et les bourrasques» de la vie auront eu raison des espérances et des rêves? Toutes ces questions pourraient motiver un désistement – «J’ai un peu peur de traverser l’miroir. Si j’y allais pas… J’me serais trompé d’un soir.»
Une telle chanson interpelle les chrétiens sur ce qui fait la valeur de la vie et des relations humaines. Qu’est-ce qui fait un «grand homme»? Comment évaluons-nous la réussite ou l’échec? Lorsque nous remettons notre vie entre les mains de Dieu, acceptons-nous qu’il intervienne pour remodeler nos espoirs et nos rêves? Sommes-nous prêts à regarder les autres selon ses critères à lui, plutôt que selon les critères de réussite de la société? Et puis, n’oublions pas: l’amour de Dieu ne dépend pas de nos réalisations. Il nous aime sans condition.
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Place des grands hommes, Patrick Bruel
On s’était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même pommes
On verra quand on aura 30 ans
Sur les marches de la place des Grands-Hommes
Le jour est venu et moi aussi
Mais j’ veux pas être le premier.
Si on n’avait plus rien à se dire et si et si…
Je fais des détours dans le quartier.
C’est fou c’qu’un crépuscule de printemps
Rappelle le même crépuscule d’y a 10 ans
Trottoirs usés par les regards baissés.
Qu’est-ce que j’ai fait de ces années?
J’ai pas flotté tranquille sur l’eau,
Je n’ai pas nagé le vent dans le dos.
Dernière ligne droite, la rue Souflot,
Combien seront là 4, 3, 2, 1… 0?
On s’était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même pommes
On verra quand on aura 30 ans
Sur les marches de la place des Grands-Hommes
J’avais eu si souvent envie d’elle.
La belle Séverine me regardera-t-elle?
Eric voulait explorer le subconscient.
Remonte-t-il à la surface de temps en temps?
J’ai un peu peur de traverser l’ miroir.
Si j’y allais pas… J’ me serais trompé d’un soir.
Devant une vitrine d’antiquités,
J’imagine les retrouvailles de l’amitié.
«T’as pas changé, qu’est-ce que tu deviens?
Tu t’es mariée, t’as trois gamins.
T’as réussi, tu fais médecin?
Et toi Pascale, tu t’ marres toujours pour rien?»
On s’était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même pommes
On verra quand on aura 30 ans
Sur les marches de la place des Grands-Hommes
J’ai connu des marées hautes et des marées basses,
Comme vous, comme vous, comme vous.
J’ai rencontré des tempêtes et des bourrasques,
Comme vous, comme vous, comme vous.
Chaque amour mort à une nouvelle a fait place,
Et vous, et vous…et vous?
Et toi Marco qui ambitionnait simplement d’être heureux dans la vie, as-tu réussi ton pari?
Et toi François, et toi Laurence, et toi Marion,
Et toi Gégé…et toi Bruno, et toi Evelyne?
Et bah c’est formidable les copains!
On s’est tout dit, on s’serre la main!
On peut pas mettre 10 ans sur table
Comme on étale ses lettres au Scrabble.
Dans la vitrine je vois le reflet
D’une lycéenne derrière moi.
Elle part à gauche, je la suivrai.
Si c’est à droite… Attendez-moi!
Attendez-moi! Attendez-moi! Attendez-moi!
On s’était dit rendez-vous dans 10 ans,
Même jour, même heure, même pommes
On verra quand on aura 30 ans
Si on est d’venus des grands hommes…
Des grands hommes… des grands hommes…
Tiens si on s’ donnait rendez-vous dans 10 ans…