Patmos, Jérusalem de l’Égée

11 heures du matin, port du Pirée?: entre marins en virée, touristes égarés, tavernes bruyantes et jeux d’argent, l’odeur de gazole est partout. Les cargos sont rouillés, les ferries surchargés. À bord du Dimitroula, navire vieillot qui mène l’insulaire, le métropolite et le visiteur d’île en île, le chambardement est joyeux. Les grand-mères tricotent. Un pope qui a ôté sa robe noire se bronze sur le pont et Yiorgos qui veille au grain depuis plus de vingt ans est occupé à frapper de son journal les passagers qui posent leurs pieds sur les banquettes et les balustrades. L’impolitesse, il déteste ça, Yiorgos. Surtout en pleine mer.
Dix heures plus tard, tout ce beau monde s’assoupit où il peut, sur les bagages, sous les escaliers ou sous les bancs du pont supérieur. Le Dimitroula, lui, égraine, dans son sillage, ses invités. À chaque arrêt, l’ancre est jetée dans un raffut terrible qui fait s’égosiller les râleurs. Rhodes, Kos, Kalymnos. La course prendra fin à Ikaria mais, finalement, nous serons peu nombreux à poser le pied à Patmos, l’île de Saint Jean, l’île de l’Apocalypse. Le soir tombe et après les îlots arides, voici enfin Patmos et Chora, son monastère. Une vaste colline ponctuée de chapelles blanches que l’on croit, bien à tort, désertées. Le bateau stagne deux heures durant au large de la rade puis enfin, un ferry moderne, véritable ville flottante, lui cède sa place au creux du port pittoresque de Skala.
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