Ouvrez les yeux!
Il y a 450 ans, en France, commençait le cycle infernal des guerres de religion. Le catholicisme dominant est alors titillé par une réforme qui souhaite, de l’intérieur, retrouver un véritable souffle spirituel et susciter un retour au Dieu de la Bible. Mais le souhait de réforme rencontre de l’opposition et très vite, deux clans s’affrontent. Il en résulte huit conflits majeurs qui gangrènent le siècle. Impossible de dire le nombre réel de victimes, mais le pays en sort ruiné et la population totalement déchirée. La violence et la cruauté ont terni ce temps qui rêvait de Renaissance pour sombrer dans un triste relent moyenâgeux; aucun rapport avec le message de paix et de réconciliation des Evangiles pour lesquels on disait se battre. Les catholiques de France étaient soutenus financièrement et politiquement par l’Espagne et l’Italie; les protestants recevaient argent et soldats d’Angleterre et d’Allemagne. Des querelles religieuses, on est passé à la guerre civile et aux conflits politisés.
Depuis ces sinistres pages de notre histoire, le christianisme s’est assagi, même si plusieurs de ses boutiques revendiquent la vérité. On ne parle plus de guerres de religion, mais au christianisme conquérant d’alors se substitue aujourd’hui, à l’échelle mondiale, un islamisme de croisade. Les armes se font même entendre sur certains continents, mais on n’y prête pas garde. En Europe, la propagande musulmane est de plus en plus virulente, et même si l’on qualifie quelques leaders de radicaux isolés, les menaces sont assez réelles pour que l’on protège certains autres lieux de culte. Quand les pétrodollars viennent au secours des Etats en faillite, lorsque des pays où l’islam est la religion d’Etat investissent autant dans les clubs de football que dans les banlieues, on peut se demander si on ne parle que d’économie. Quand l’Europe partait à la conquête du monde, avec les commerçants, il y avait des missionnaires. Sommes-nous vraiment sortis du 16e siècle, où les courants religieux s’imposaient grâce à l’argent de l’étranger?
Sans doute ce type de raccourcis dans l’analyse sera-t-il taxé de fantasme et d’idéologie malsaine, mais il y a des aveuglements coupables. Il ne s’agit pas de dresser une population contre une autre, mais de vérifier que les idées circulent et qu’elles portent toujours ou la haine ou l’amour. Lorsqu’une opinion, politique, philosophique ou religieuse, cherche à s’imposer et qu’elle trouve les combinaisons pour infiltrer d’autres idées jusqu’à les tuer, nous sommes en danger. Lorsque, dans un pays démocrate et laïque, on privilégie un courant en pensant le maîtriser, on oublie le pouvoir des croyances.
Le christianisme a souvent été accusé d’intolérance lorsqu’il s’est positionné en défendant ses options, or il semble inconvenant de s’interroger sur l’intolérance de l’islam dont on constate les radicalités, mais que l’on excuse en parlant d’actes marginaux ou de déviants minoritaires. Où donc ai-je lu qu’un peu de levain fait lever toute la pâte, qu’un petit feu embrase toute une forêt?
Hugues Not
Publicité
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – novembre 2012
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: