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Neutralité de l’Etat, pas de l’individu

© Alliance Presse
Daniel Liechti, vice-président du CNEF, plaide pour une clarification du cadre de la liberté d’expression. Parti pris. Découvrez sur ce site les autres articles de notre dossier consacré à la liberté d'expression.
Daniel Liechti

En menant campagne sur le thème de la liberté d’expression, les protestants évangéliques qui aiment témoigner de leur foi ne sont certes pas indifférents à leur propre intérêt. Mais ils veulent aussi, et peut-être surtout, faire œuvre utile pour toute la société. Pour ce qui les concerne, ils espèrent un avenir qui leur garantisse durablement la possibilité de célébrer librement leur culte, d’exprimer publiquement leur foi et de vivre au grand jour des choix éthiques cohérents avec leurs croyances. Pour ce qui est de la société, ils veulent contribuer à défendre un bien indéniable dont l’Histoire montre qu’il est fragile.
Corollaire de la liberté de conscience, la liberté d’expression ne peut en effet s’exercer que dans le cadre d’une certaine tension, d’un équilibre entre des aspirations de natures contradictoires. Or, chaque génération doit trouver l’équilibre adapté à son époque. La nôtre est marquée par un multiculturalisme croissant qui fait se croiser des systèmes de valeurs très différents, quand ils ne sont pas radicalement opposés. Comment, dans ces conditions, préserver un équilibre propice à la libre expression de tous?
Le Conseil national des évangéliques de France a deux éléments de réponse à faire valoir. Le premier est de sortir d’une confusion grandissante entre Etat et individu en matière de laïcité. S’il est bon et légitime qu’un Etat laïque fasse preuve d’une stricte neutralité en matière religieuse (l’application de ce principe souffre toutefois de trop d’exceptions dans notre pays), il ne l’est pas qu’il attende la même neutralité des individus. La façon dont les débats récents sur les questions éthiques ont été menés a fait apparaître une tendance très nette à vouloir étendre le champ de la laïcité à de nouveaux espaces et finalement à toute la réalité humaine: la sexualité, le mariage, la filiation, la mort, etc. Comme s’il devenait par conséquent «illégitime» de défendre d’autres options éthiques que celles de nos gouvernants au motif qu’elles ne seraient pas «laïques»! Non, la laïcité n’a pas pour objet d’intimer aux individus l’ordre de garder pour eux leurs convictions philosophiques ou religieuses, mais bien plutôt d’en permettre l’expression de façon apaisée et constructive.

Dossier: Liberté d'expression
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