Des murs et non des ponts: entre divisions mondiales et espérance chrétienne
En Occident, les nations semblent se préparer à une période où l’on construit plus de murs que de ponts, tandis qu’à l’Est, les grands ouvrages s’inaugurent… sans pour autant augurer la paix. Alors que le monde n’a jamais été aussi interconnecté, il se fragmente sans nécessairement se briser. Comme le disait Isaac Newton: «Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts.» Une expression que feu le pape François a souvent reprise, jugée prophétique par certains, ou naïve par les plus réalistes.
Fière de sa Grande Muraille, symbole des gloires et des menaces passées, la Chine manifeste aujourd’hui sa puissance par le gigantisme de ses infrastructures. Elle a inauguré en juin le pont le plus haut du monde et en janvier 2024 le plus grand pont en arc. Si ces ouvrages sont des symboles de paix et de prospérité, les ponts peuvent aussi évoquer la guerre et la division. C’est le cas du pont de Crimée, qui incarne la puissance de la Russie tout en étant, pour l’Ukraine, le symbole de l’occupation illégale.
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Murs et ponts : symboles contradictoires du monde actuel
De même, les murs entourant la bande de Gaza, perçus de l’intérieur comme ceux d’une prison à ciel ouvert, n’ont pas non plus apporté la sécurité espérée à l’extérieur, démontrant la vulnérabilité des sociétés, et peut-être davantage des démocraties, face aux pièges diaboliques du terrorisme.
L’assassinat du militant évangélique conservateur Charlie Kirk le 10 septembre, alors qu’il dialoguait avec des étudiants sur un campus de l’université d’Utah Valley, est un exemple saisissant de pont brisé. «Il représentait le changement politique par les moyens démocratiques, la discussion et le débat, et quelqu’un l’a tué pour cela», a souligné un de ses amis. En Israël, le 7 octobre 2023, le massacre de 364 festivaliers de Nova qui célébraient l’amitié, la paix et la liberté a montré que l’idéalisme pacifiste peut être violemment confronté à l’obscure réalité de la haine. Les vœux pieux (les «vieux ponts») ne suffisent pas.
Des nations qui s’enferment
A l’opposé des nouvelles routes de la soie déployées par la Chine, les Etats-Unis s’enferment dans leur pré carré. Leur projet le plus symbolique des dernières années reste le mur frontalier avec le Mexique, que le ministère de la Sécurité intérieure a décidé fin août de peindre en noir afin de dissuader les personnes qui voudraient l’escalader.
Pendant ce temps, en France, les gouvernements se font et se défont et peu de ponts existent entre des partis politiques qui se murent dans leurs certitudes sans chercher l’unité pour le bien de leur pays. Dans leurs forteresses des cités délaissées, les dealers de la DZ Mafia achètent la paix sociale et s’implantent durablement en proposant leurs services aux habitants, du bricolage à l’aide financière. Une manière d’exploiter la misère sociale et morale qui enferme les habitants entre ses murs.
L’espérance chrétienne au-delà des murs
L’espérance nécessaire ne peut se fonder sur une naïveté déconnectée de ces réalités. L’espoir n’est pas dans les vœux pieux ni dans les vieilles pierres, mais dans l’action et la reconstruction. «Les tiens rebâtiront sur d’anciennes ruines (…) on t’appellera réparateur des brèches, celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable», prophétisait Esaïe (Es. 58, 12). Le chemin vers la paix n’est ni un pont pharaonique ni des murailles éphémères, mais une réparation concrète et quotidienne soutenue par le seul pont entre le ciel et la terre, brisant les murs du péché: Jésus-Christ.
David Métreau, rédacteur en chef
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Octobre 2025
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